Des familles confinées aspirées par leurs écrans au cœur d’une série photo clair-obscur

Des familles confinées aspirées par leurs écrans au cœur d’une série photo clair-obscur

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© Robert Götzfried

photo de profil

Par Lise Lanot

Publié le

Pendant le confinement, couples, adolescents et adultes se font avaler par leurs écrans sous l'objectif de Robert Götzfried.

Avant que l’épidémie liée au Covid-19 ne nous confine une première fois, Robert Götzfried commençait à élaborer une série sur la solitude entraînée par les réseaux sociaux. “Le sujet était pertinent même avant le Covid-19”, souligne le photographe allemand. L’épidémie a tout de même agi comme un “grand accélérateur du sujet”. Il a donc poursuivi sa série, sur des gens qui, désormais, “n’ont plus d’autre choix” que de rester chez eux.

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Robert Götzfried a pris en photo ses modèles – pour la plupart, des ami·e·s et des connaissances – dans la pénombre, comme happé·e·s par leur téléphone, qui représente la seule source de lumière de ses images. On ne distingue jamais ce qu’affichent les écrans des protagonistes. Tout ce qu’on saisit, c’est la façon dont ils aspirent les visages photographiés.

© Robert Götzfried

Le paradoxe de la solitude 2.0

Pour créer cet effet, le photographe a parfois agrémenté les écrans de torches LED. L’atmosphère est refroidie par les lueurs bleues des écrans et des LED : les scènes paraissent d’autant plus moroses, les chambres à coucher sont à deux doigts de se muer en chambres d’hôpital. La concentration des modèles face à leur téléphone renforce la solitude qui émane des photographies et, si ces dernières sont aussi poignantes, c’est bien parce que nous y voyons facilement notre reflet.

L’artiste a photographié ses sujets dans leur intérieur, pour plus de véracité. Beaucoup sont seul·e·s mais virtuellement entouré·e·s ; d’autres sont en couple, ensemble physiquement, mais séparé·e·s par ce qui se trouve sur leur écran. Robert Götzfried a également tenu à photographier quelques personnes sur leur lieu de travail, dans un bar désert ou un magasin de vêtement abandonné – insistant sur les difficultés économiques subies en même temps que sur le vide social.

“Couple”. (© Robert Götzfried)

“The Lockdown Diaries” raconte la façon dont “la plupart des gens sont ligotés aux réseaux sociaux”. Robert Götzfried a sciemment laissé au public le loisir “de se raconter sa propre histoire quant aux images”. Ainsi, celles-ci ne jettent pas complètement l’opprobre sur les nouvelles technologies, elles font aussi état d’une réalité du confinement et de la façon dont on tente, en cette période, de rester connecté·e·s les un·e·s aux autres.

“Steffi et Rainer”. (© Robert Götzfried)

“Rainer”. (© Robert Götzfried)

“Stefan”. (© Robert Götzfried)

“Markus”. (© Robert Götzfried)

“Marie”. (© Robert Götzfried)

“Lotte”. (© Robert Götzfried)

“Ivi”. (© Robert Götzfried)

“Dani”. (© Robert Götzfried)

“Anna et Henning”. (© Robert Götzfried)

“Hansi”. (© Robert Götzfried)

“Andre”. (© Robert Götzfried)

Vous pouvez retrouver le travail de Robert Götzfried sur son site et sur son compte Instagram.