Des photos de soldats avant, pendant et après la guerre

Des photos de soldats avant, pendant et après la guerre

Image :

Un des soldats photographié (Crédit : DR Lalage Snow)

photo de profil

Par Théo Chapuis

Publié le

C’est un projet très personnel, développé pendant que je suivais des militaires en Irak. J’ai voulu porter témoignage de ces jeunes hommes et femmes qui reviennent comme l’ombre d’eux-mêmes de la guerre. Dans de nombreux cas, ils en portent des cicatrices psychologiques évidentes.

À voir aussi sur Konbini

“Ce qu’est vraiment la guerre”

La photographe britannique est restée quatre ans au contact des militaires mobilisés en Irak, travaillant en freelance et pour le compte de l’Agence France-Presse (AFP). Mais ce travail va au-delà du photojournalisme. La jeune femme voulait avant tout donner la parole aux soldats alors que ceux-ci se sentent parfois pris dans un engrenage sur lequel ils n’ont aucun contrôle.

We Are Not The Dead est la tentative de donner aux soldats la chance d’expliquer ce qu’est vraiment la guerre. Leurs espoirs, leurs peurs, ce qui leur manque, ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas.

Elle précise :

Pour moi, c’est l’essence même de la photographie. Donner la parole aux gens.

Oui, j’ai peur. Je n’en peux plus d’attendre pour faire le travail en Irak pour lequel nous avons été entraîné. Mais j’ai rapidement le mal du pays, donc je sais que ça ne va pas être facile.

Puis, celle du milieu, alors qu’il intervient en Irak :

Avant de partir, je me disais “ce n’est pas si grave si je perds un membre”. Désormais tout ce que je veux faire, c’est revenir en un seul morceau. Mon foyer me manque. Je déteste être loin […]. Je veux juste rentrer chez moi.

Quatre mois plus tard, après son retour, Swan déclare :

Être de retour est étrange. Vous êtes loin pendant si longtemps et vous pensez à comment vous avez pu vivre aussi simplement. Cela vous fait apprécier la vie d’autant plus. Mais je me sens parfois frustré et je perds aussi mon sang-froid.
Ma famille me dit que je suis beaucoup plus agressif. J’avais l’habitude d’être un gars vraiment placide, vous savez, vraiment difficile à émouvoir, mais maintenant c’est assez facile.

Critiques, menaces

Un travail qui donne la parole aux soldats, forcément, c’est sensible. Critiquée, menacée, Lalage Snow a été accusée de trafiquer ses photos à des fins militaristes. “J’ai reçu des e-mails et des SMS de personnes m’accusant d’avoir fait en sorte que les photos montrant les soldats pendant le conflit soient meilleures. Pourquoi aurais-je fait ça ? Certains m’ont accusée d’avoir trafiqué la lumière. Encore une fois, c’est faux. Je ne sais même pas utiliser la lumière artificielle, vraiment… Les critiques sont dures à encaisser lorsqu’on met son cœur dans son travail.”
Faire la propagande de la guerre n’est pas le but de Lalage Snow. La série de la photographe montre seulement un envers du décor des chiffres, un revers de la médaille des statistiques. L’humain, quoi.

Je voulais transcender les statistiques des tués au champ de bataille. Dire qui sont ces soldats. Ce qu’ils pensent de la guerre, des talibans, du 9/11, de ce que c’est qu’être loin de chez soi pendant six mois…

Au final, un travail photographique honnête, minimal et intelligent qui remet l’humain au centre du débat.