Les portraits mélancoliques d’Emmanuelle Descraques

Les portraits mélancoliques d’Emmanuelle Descraques

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Par Lisa Miquet

Publié le

Des images hors du temps

En regardant cette série de portraits, on peut s’interroger sur le rapport qu’entretient la photographe à la temporalité. Ses images semblent hors du temps, elles nous rappellent à la fois les films des années 1950 et l’esthétique de David Lynch. Malgré ces références visuelles, réaliser des clichés dans une esthétique rétro ne semble pas être sa démarche principale :

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“C’est complètement inconscient. Du moins, ça l’était au début. Après de nombreuses remarques, j’ai commencé à y faire plus attention. […] L’énorme paradoxe est que je ne suis absolument pas passionnée par les vieux films ou les vieux procédés argentiques.
C’est un moyen de mettre une distance, je veux toujours faire poser mes modèles dans des états de douce folie et de dépression. Si ma modèle porte un jean et des baskets (même si c’est du Yves Saint Laurent) ça me semble moins pertinent.
Enfin, les looks vintage m’ont toujours fasciné : je regarde souvent avec passion les photos de mes parents jeunes, je me dis que c’est vraiment grâce aux vêtements qu’on peut voir que la vie suit un cours, n’est pas statique.”

Une véritable passion pour la mode

Des instants pris sur le vif

L’atmosphère qui se dégage des clichés d’Emmanuelle Descraques réside aussi dans les expressions particulières de ses modèles. Les images affichent une esthétique très construite, tout en laissant paraître une véritable sincérité à travers les regards. Des clichés sur papier glacé, capturés sur le vif, qui génèrent une ambiance mystérieuse. Celle-ci repose notamment sur le travail de direction des modèles de la photographe :

“C’est la difficulté pour moi, donner cette impression de spontanéité alors que ce n’est pas du tout le cas. J’aime bien saisir les expressions, comme la peur par exemple. Mais j’aime qu’elle soit contenue, qu’il y ait juste la tenue des épaules et le regard qui trahissent et non le reste. Sinon on tombe dans quelque chose de frontal, pas forcément esthétique, seulement anxiogène. Tout cela, c’est un travail (parfois laborieux) avec la modèle.”