En images : Laurence Rasti photographie les homosexuels iraniens

En images : Laurence Rasti photographie les homosexuels iraniens

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Par Constance Bloch

Publié le

À l’époque, je ne connaissais pas encore la situation des réfugiés homosexuels iraniens en Turquie. C’est en contactant différentes ONGs qui aident les LGBT iraniens qu’une personne de Denizli, elle-même en attente d’un Visa, m’a contactée et m’a expliquée leurs situations.
Je suis partie sur place la semaine qui a suivi, avec pour seule info un contact anonyme. Nous nous sommes rencontrés et grâce à son aide, puis à celle des autres, j’ai pu rencontrer plus de personnes.

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“Identité volée”

Comme nous l’explique Laurence Rasti, à Denizli, une petite ville de Turquie, des centaines de réfugiés homosexuels iraniens transitent. “Ils mettent leur vie en pause dans l’attente de rejoindre, un jour, un pays d’accueil où ils pourront librement vivre leur sexualité. Dans ce contexte d’incertitude où l’anonymat est la meilleure protection, ce travail questionne les notions fragiles d’identité et de genre“.
Mais trouver des sujets qui acceptent de se faire photographier dans un contexte aussi délicat n’est pas toujours chose aisée. Sur les personnes qu’elle a approché, la photographe a pu travailler avec la moitié d’entre elles, soit “une trentaine de sujets” :

Certaines personnes avec qui je suis intime aujourd’hui ne sont toujours pas d’accord pour se faire photographier, même de manière anonyme. Je pense que c’est normal de ne pas brusquer les gens. La plupart ont de lourds passés et/ou un avenir incertain. Il est donc primordial de respecter leurs choix. Je n’essayais donc pas de convaincre une personne à poser.
Dès lors qu’une personne était d’accord pour poser, il était essentiel de ne pas imposer mes idées mais à l’inverse de construire les images à travers un échange, mais aussi de respecter le choix de chacun de se dévoiler ou non.

Une touche pop

Si souvent les visages sont couverts dans les photographies, c’est de tissus colorés, de ballons et de fleurs. Ainsi, l’artiste insuffle une esthétique pop à ses clichés, ce qui crée parfois un certain paradoxe avec le sujet :

Il était essentiel pour moi de ne pas victimiser mes sujets. Il est vrai que la situation politique est dramatique et que leur passé est chargé de souvenirs difficiles. Malgré cela, mon intention avant tout était de me focaliser sur leur situation actuelle et l’espoir qu’elle évoque.
Elle est une promesse vers la libre expérience de leur orientation sexuelle et de leurs amours, au-delà du genre. Les images sont donc construites avec des éléments simples, légers, parfois même festifs, le tout pour créer un paradoxe avec la gravité du sujet.