En Thaïlande, les prisonniers montent sur le ring pour leur liberté

En Thaïlande, les prisonniers montent sur le ring pour leur liberté

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Par Anaïs Chatellier

Publié le

La liberté à la clé ?

Les combats à l’intérieur des prisons ne sont pas nouveaux et il faut revenir au XVIIIème siècle pour mieux comprendre leur symbolique aujourd’hui. En 1767, lors de la chute du royaume d’Ayutthaya, ancien royaume thaï envahi par les Birmans, des milliers de soldats thaïlandais furent incarcérés et durent affronter les meilleurs combattants ennemis.
La légende dit que le champion ultime fut Nai Khanom Tom, un ancien soldat thaï qui avait alors obtenu sa liberté en gagnant contre une dizaine des meilleurs boxeurs du monarque birman. Un guerrier désormais vénéré et idolâtré par les adeptes du Muay Thai.
Inspirée par cette légende, on comprend la motivation des prisonniers : une possible liberté ou réduction de peine s’ils gagnent plusieurs combats. Le bruit court alors que les prisonniers peuvent même gagner de l’argent et devenir célèbres s’ils s’affirment sur le ring. Le photographe Aaron Joel Santos nuance :

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C’est ce que tout le monde dit, mais il reste difficile de cerner ce qu’ils gagnent réellement, étant donné que c’est un programme relativement nouveau. Donc j’espère qu’en se développant, il deviendra plus transparent.

Je suis aussi conscient qu’on m’a certainement montré exactement ce qu’on voulait que je voie à l’intérieur des murs. Nous n’avons eu le droit d’accéder qu’à un seul endroit de la prison et nous ne pouvions parler qu’avec les détenus qui faisaient partie du programme. J’imagine qu’ils savaient qu’on était journalistes et donc qu’ils avaient été briefés avant que nous arrivions.

Pour autant, il est persuadé que ce programme est une chance pour les détenus. “C’est l’exercice physique ancré dans la tradition et la camaraderie“, explique-t-il. Rituels bien spécifiques, musique aux sonorités asiatiques… Malgré ses airs de “tous les coups sont permis”, le Muay Thaï obéit à beaucoup de règles et nécessite une certaine rigueur et une haute concentration. Cette pratique permet donc aux prisonniers de canaliser leur énergie, de s’évader le temps d’un match et de fuir la surpopulation dans les cellules et les mauvaises conditions d’hygiène. Il paraît même qu’ils ont le droit à des cellules plus spacieuses.
Le but n’étant bien évidemment pas de les rendre plus aptes à la bagarre, mais au contraire de leur permettre d’avoir une activité qui les occupe aussi bien physiquement que mentalement. Une idée que le photographe résume par la phrase suivante :

L’espoir est là et le sport aussi, et tous les deux semblent avoir un effet positif sur les détenus. C’est ce qu’il faut retenir à mon avis.