Focus sur les “années new-yorkaises” d’Erwin Blumenfeld, légendaire photographe de mode

Focus sur les “années new-yorkaises” d’Erwin Blumenfeld, légendaire photographe de mode

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Par Lise Lanot

Publié le

Une exposition rend hommage aux photographies couleur de l'artiste cosmopolite, à Amsterdam.

Look: Rage for Color. 1958 (© Succession Erwin Blumenfeld)

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Jusqu’au 14 avril 2019, le musée amstellodamois Foam consacre une exposition aux œuvres du photographe de mode à la renommée internationale, Erwin Blumenfeld. Si l’artiste allemand (naturalisé américain) était principalement connu pour ses monochromes, le musée s’intéresse désormais à ses photographies en couleur.

De maroquinier à photographe de mode

Erwin Blumenfeld naît en Allemagne en 1897. C’est aux Pays-Bas qu’il étudie de façon plus poussée la photographie et s’initie à l’art du portrait. À Amsterdam, il ouvre une maroquinerie. Coup de chance, son petit magasin comporte une chambre noire dans laquelle il développe ses images et expérimente différentes techniques. Si ses pièces en cuir ne se vendent pas toujours aussi bien qu’il le souhaiterait, ses photographies, qu’il expose en vitrine de son échoppe, connaissent, elles, un franc succès.

Lorsque sa maroquinerie fait faillite, il n’hésite pas et émigre dans la ville dont il est tombé amoureux enfant, Paris. Il a 40 ans et c’est là qu’il verra décoller sa carrière de photographe de mode. Il crée alors uniquement en noir et blanc, précise le musée. La qualité de son travail propulse ses images jusqu’aux pages de l’édition française du célèbre magazine Vogue.

Peu avant les années 1940, la photo couleur émerge. L’œuvre d’Erwin Blumenfeld prend un tournant à 180° et cette révolution technique bouleverse son travail. Malheureusement, c’est également le moment où la guerre éclate en France et le photographe et sa famille se voient obligés de fuir l’Hexagone pour rejoindre les États-Unis en 1941.

Le maître de l’élégance farfelue

Pat Blake pour Vogue NY, 1954. (© Succession Erwin Blumenfeld)

C’est à New York que l’artiste s’épanouit totalement. Il commence rapidement à travailler pour des grands titres, tels que Life, Harper’s Bazaar, Cosmopolitan ou Kaleidoscope. En quelques années, il réalise plus d’une centaine de unes pour des publications liées à la mode ou à la photo. L’exposition du Foam s’intéresse à ces années kaléidoscopiques, de 1941 à 1960, autant du point de vue de la couleur des images, que de leur variété et fréquence de diffusion.

Son intérêt pour le corps féminin et la mort, ainsi que ses compositions uniques et son usage des formes et des couleurs font de lui “un des photographes de mode les plus originaux de New York”, précise le musée néerlandais. Ses images de mode dépassent la sphère des magazines spécialisés, notamment parce que “l’objectif de sa recherche n’était pas le réalisme, mais le mystère de la réalité”.

Effectivement, Erwin Blumenfeld s’amuse dans ses mises en scène. Il dote par exemple un mannequin à l’allure très chic de plusieurs mains, il joue avec les silhouettes des modèles grâce aux textures, au grain ou aux différents plans de ses images. Il ajoute à ses compositions un ressort comique sans jamais compromettre leur élégance.

Les images sélectionnées par le musée Foam permettent un retour dans le temps dans l’histoire de la mode à travers des œuvres intemporelles qui ont marqué la deuxième partie du XXe siècle.

Variante de la photographie publiée dans le “Vogue” américain du 1er août 1950, page 63. (© Succession Erwin Blumenfeld)

Sans titre, 1946. (© Succession Erwin Blumenfeld)

Variante de la photographie publiée dans le “Vogue” américain du 15 octobre 1952, page 56. (© Succession Erwin Blumenfeld)

L’exposition “Erwin Blumenfeld in Color” est visible au musée Foam, à Amsterdam, jusqu’au 14 avril 2019.