Gia Coppola signe une expo photo onirique et solaire pour Gucci

Gia Coppola signe une expo photo onirique et solaire pour Gucci

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le , modifié le

On la connaît comme la réalisatrice du bijou adolescent Palo Alto, comme la nièce de Sofia Coppola et la petite-fille de Francis Ford Coppola. Gia Coppola signe aujourd’hui A Dream Within A Dream, une belle collaboration avec Gucci.

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En plus du cinéma, c’est une grande histoire d’amour qui lie Gia Coppola avec la photographie et la mode, comme un triangle amoureux. Elle pose son female gaze dans différents arts qu’elle maîtrise avec délicatesse et élégance. À l’image de son film Palo Alto et dans la lignée de ce que son professeur d’université Stephen Shore lui a inculqué, on retrouve une esthétique solaire, mais, cette fois-ci, peuplée non de teenagers californiens, mais plutôt de nymphes rêveuses et chimériques perdues au milieu du désert.

A Dream Within A Dream se présente sous la forme d’une exposition ayant lieu à Taïwan et clôture le triptyque d’expositions célébrant le directeur artistique de Gucci, Alessandro Michele, et sa curation pour le magazine A Magazine Curated By (édité par Dan Thawley). Le thème était “Blind for Love” (“aveuglés par l’amour”, ndlr) et les artistes convoqués par Alessandro devaient livrer leur propre interprétation. Les deux premières expositions mettaient en avant les portraits de famille de Petra Collins et les clichés de Coco Capitan.

Narration à double niveau

Pour cette collaboration avec Gucci, Gia a mis en scène des amis de sa famille au Joshua Tree National Park : on y voit la photographe (et accessoirement sœur de Lana Del Rey) Chuck Grant, son ami Augie Culligan, l’actrice américaine et féministe Rowan Blanchard ainsi que les mannequins Lily Stewart et Laura Love. Inutile de préciser qu’ils sont tous habillés par Gucci, et que sa mère, la styliste Jacqui Getty de La Fontaine, l’a également aidée. Tout reste assez familial.

Comme le relate Dazed, Rowan Blanchard a écrit quelques poèmes pour accompagner la série. Dans la galerie où sont exposées les photos, ses poèmes résonnent au fil de la visite, et rajoutent un niveau à la narration visuelle. Certains de ses mots figurent en écriture cursive, délicatement brodés et pendus aux murs de la galerie. Lors d’une après-midi passée chez Gia, à écouter de la musique, Blanchard a composé tous les poèmes. Elle explique :

“J’ai regardé les photos comme un objet narratif et j’y ai vu des histoires de fantômes, de projection de soi, de voix qui résonnent dans notre tête et de découverte de soi-même. C’est ce qui a inspiré mes poèmes.”

Quant à Gia Coppola, elle raconte la belle rencontre avec Rowan :

“On s’est rencontrées par hasard à Los Angeles. Il y avait une sorte de relation cosmique entre elle et moi qui se mettait en place, sur laquelle je ne pouvais mettre des mots. J’ai toujours voulu avoir une petite sœur et elle se situe à un âge où tout est si intéressant et excitant. Cela m’a réellement inspirée.

Elle est très sage et mâture, bien mieux éduquée que moi à son âge ! Je suis si intriguée par la génération à venir, à quel point ils peuvent être influents. Elle parle d’émotions et de sentiments que je comprends totalement et, d’une certaine manière, je deviens son mentor. Elle sait ce qu’elle aime et ce qu’elle n’aime pas, et pour cette collaboration, je voulais lui laisser de l’espace.”

Une inspiration cinématographique

On pourrait penser que pour ce shooting, Gia Coppola s’est inspirée de Virgin Suicides, mais il n’en est rien, l’inspiration vient de bien plus loin : Pique-nique à Hanging Rock, un film australien réalisé par Peter Weir en 1975. L’histoire : un groupe de jeunes filles part en pique-nique, lors d’une après-midi ensoleillée, et se place près d’un grand rocher qui fut un lieu de culte des peuples premiers. Trois filles du groupe s’aventurent dans une cavité rocailleuse, se sentant toutes attirées irrésistiblement par le rocher. Après des recherches acharnées, les enquêteurs ne retrouveront qu’une fille, devenue amnésique.

Toujours pour Dazed, Gia explique comment elle est tombée sur ce film :

“L’idée d’Alessandro était de réunir tous ses amis, de les laisser faire ce qu’ils voulaient, à travers le medium qu’ils voulaient et de les laisser exprimer ce que “Blind for Love” veut dire pour eux. Quand je pensais à une idée pour Gucci, j’étais en train de regarder les films de Peter Weir pour m’en inspirer dans le cadre d’un autre projet. Et mon ami Alessandro m’a dit : ‘Oh, tu n’as pas encore vu Pique-nique à Hanging Rock ?’, et je venais justement de le regarder. Le film s’intéresse beaucoup à la sexualité des filles et à leur découverte d’elles-mêmes.”

En écho avec le film, on décèle cette dimension innocente, ce contexte désertique et ce fond de mysticisme dans les photos de Gia Coppola. On y voit des jeunes filles en fleurs à la découverte d’elles-mêmes et de leur sexualité, à travers des symboles bucoliques et une imagerie poétique.