Gif Day : Chris Saunders nous plonge dans l’univers fascinant de la danse sud-africaine

Gif Day : Chris Saunders nous plonge dans l’univers fascinant de la danse sud-africaine

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Par Lise Lanot

Publié le

Plus qu’une danse, un mode de vie. Pour la première fois, trois auteurs ont mené une documentation minutieuse dédiée au pantsula.

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“Le pantsula, c’est l’Afrique du Sud”, déclarent les éditeurs du livre écrit par la chercheuse indépendante Daniela Goeller, le chorégraphe Sicelo Xaba et le photographe Chris Saunders. Ce livre, fruit d’un travail collaboratif long de cinq ans, rassemble les témoignages écrits et visuels de ceux qui font vivre le pantsula, en allant à la recherche des racines de cette danse.

Chris Saunders a commencé à photographier les danseurs de pantsula à la demande d’un magazine. La mission devait durer deux mois… et a finalement perduré six ans, preuve – s’il en faut – de la richesse de cette danse. Le mot “pantsula” vient d’un mot zoulou qui signifie “se dandiner comme un canard” et fait référence à la façon dont les passionnés de mode des années 1970 se déplaçaient dans les townships. Cette posture, légèrement baissée en avant, est commune dans de nombreuses danses traditionnelles d’Afrique du Sud.

Un message de positivité à travers la danse

On peut faire remonter l’histoire du pantsula aux années 1940. C’est une fusion de danses traditionnelles et modernes, avec des représentations théâtrales de gestes du quotidien à travers des acrobaties ou des tours de magie. Cette danse s’est forgée au moment de la transition entre l’apartheid et la démocratie. La communauté du pantsula s’est d’abord formée dans la banlieue de Johannesburg, à Sophiatown : une banlieue légendaire de la capitale, dotée d’un épicentre politique, musical et un carrefour culturel de la communauté noire.

C’est dans les années 1980 que la créativité et l’essor du pantsula explosent. Avec leurs jeux de jambes techniques et précis, les danseurs font des rues animées de Johannesburg leur scène. Connus pour leurs longues heures d’entraînement, la technicité et l’énergie de leurs chorégraphies, ces danseurs sont reconnus comme de véritables meneurs et artistes. Dans une interview du New York Times, Chris Saunders décrit cette danse comme une véritable sous-culture qui apporte plus qu’un simple plaisir visuel :

“Les danseurs essaient de diffuser un message de positivité, un “vivre-mieux” grâce à la danse. Où que vous marchiez dans la rue, il y a des enfants qui jouent, des gens qui dansent, qui se font un barbecue… Il y a de l’ambiance. C’est la culture urbaine.”

Un projet inédit

C’est la première fois qu’un travail d’une telle ampleur est entrepris sur le sujet. Le livre est transversal puisqu’il compile les recherches d’auteurs aux formations très différentes. Daniela Groeller est une chercheuse spécialisée dans le domaine culturel. Depuis 2013, elle vit à Johannesburg où elle a monté la fondation de danse Impilo Mapantsula (à l’origine du projet d’édition) avec quatre danseurs de pantsula, dont Sicelo Xaba. Xaba est un artiste complet, de la poésie à la danse, il s’est produit à l’international et est reconnu dans le monde du pantsula.

Chris Saunders, quant à lui, se définit comme un conteur visuel. Son travail se concentre essentiellement sur les sous-cultures locales, après s’être longtemps dédié à la photographie de mode. Avec brio, le photographe parvient à capturer l’énergie vibrante des danseurs de pantsula, qui se produisent dans les rues, seuls ou en groupe. Toujours très élégants, ils se vêtissent de couleurs en contraste avec les fonds urbains qui les entourent. Saunders retransmet les postures et les mouvements des danseurs de façon figée.

Afin de représenter au mieux la technique et le dynamisme des mouvements, il a inclus dans le livre des planches contact regroupant plusieurs vignettes d’un négatif sur une même page, et qui peuvent aussi être animées sous forme de gifs. Des séries de portraits complètent les scènes de danse, Saunders détaille : “Leurs poses et leurs gestes résultent de leurs expressions individuelles et créent des signes identitaires visuels forts, caractéristiques de cette sous-culture.”

© Chris Saunders
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