Avec son projet Humanæ, Angelica Dass met à l’honneur toutes les couleurs de peau

Avec son projet Humanæ, Angelica Dass met à l’honneur toutes les couleurs de peau

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Par Lisa Miquet

Publié le

Pour lutter contre les stéréotypes raciaux et montrer l’étendue de la diversité humaine, la photographe Angelica Dass a créé Humanæ.

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Angelica Dass est brésilienne et lorsqu’elle parle de sa propre famille, elle affirme que cette dernière est “pleine de couleurs”. Elle déclare que son père à la peau “chocolat profond”, sa grand-mère a le teint “porcelaine” tandis que son grand-père tire sur le “vanille-fraise”. Quant à sa mère, elle aurait plutôt le teint “cannelle” et, selon elle, ses sœurs seraient plutôt “arachides grillées”.

Une classification pour le moins surprenante, car comme le souligne la photographe, si au sein de sa famille les différences de couleurs de peau n’ont jamais été un problème, elles semblaient l’être à l’extérieur. Durant son enfance, Angelica Dass était alors particulièrement perturbée par cette question, comme le relate le site TED :

“J’étais faite de chair, mais je n’étais pas rose. Ma peau était brune et les gens disaient que j’étais noire. […] J’avais 7 ans avec un tas de couleurs dans ma tête.”

À l’âge adulte, l’artiste explique que les choses ne se sont pas arrangées et que les manifestations de racisme ordinaire sont malheureusement devenues monnaie courante. Elle raconte que, lors de ses sorties, elle a déjà été prise pour la nounou de la famille ou même pour une prostituée. Frappée par cette discrimination absurde, la photographe a décidé d’utiliser ces expériences pour en faire un projet positif et didactique.

Un camaïeu de couleurs

Elle a donc créé Humanæ, un catalogue de portraits montrant l’étendue de la diversité des tonalités de chairs. En effet, on parle souvent de peaux noires ou blanches, mais ces couleurs de peau n’existent pas réellement, le camaïeu de couleur humaine est beaucoup plus diversifié et subtil que ça. Chaque personne a une carnation qui lui est propre. C’est ce qu’a voulu souligner la photographe :

Humanæ a pour but de mettre en évidence nos vraies couleurs. Qu’est-ce que cela signifie pour nous d’être blanc, noir, rouge ou jaune ? De quoi parle-t-on ? Est-ce les yeux, le nez, la bouche, les cheveux, et en quoi cela a-t-il un rapport avec notre origine, notre nationalité ou notre compte bancaire ?”

Pour cela, l’artiste s’est inspirée des catalogues produits par la marque Pantone – qui a développé le “Pantone Matching System”, un système de normalisation de classement des couleurs — et en a détourné les codes pour créer son propre nuancier. Elle a donc photographié de nombreux modèles sur fond blanc et a par la suite ajouté un arrière-plan coloré qui correspond à une petite surface de couleur prélevée sur leur nez.

3 000 personnes photographiées dans 13 pays différents

Humanæ est un travail titanesque puisque Angelica Dass a déjà photographié plus de 3 000 personnes, dans 13 pays différents et qu’elle n’est pas près de d’arrêter : elle déclare que sa seule limite serait d’avoir photographié l’ensemble de la population mondiale. Par son ampleur, le projet photo a eu un véritable écho et l’artiste reçoit régulièrement de nombreux messages de remerciements :

“J’ai réalisé que Humanæ était utile pour beaucoup de gens. […] Cela représente une sorte de miroir pour ceux qui ne peuvent pas se retrouver dans une étiquette. Chaque fois que je prends une photo, j’ai l’impression d’être assise devant un thérapeute. Toute la peur, toute la frustration et la solitude que j’ai ressenties autrefois deviennent de l’amour.”

Une mosaïque mondiale colossale, sous forme de work in progress d’utilité publique. À découvrir en images.