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L’intensité dramatique captivante des images d’Alex Prager

L’intensité dramatique captivante des images d’Alex Prager

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Par Lisa Miquet

Publié le

Soignant les moindres détails de ses compositions, la photographe et réalisatrice Alex Prager nous raconte des histoires foisonnantes à chaque image.

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Que ce soit à travers le cinéma, l’art, la mode ou la photographie, l’artiste américaine Alex Prager met en scène avec passion les mélodrames humains. Loin de la photographie documentaire, l’artiste pense, choisit et orchestre les moindres détails de ses images pour y cacher plusieurs couches d’émotions et une multitude de possibilités narratives.

À la manière d’un tableau de Bruegel l’Ancien, les images d’Alex Prager peuvent nous captiver pendant des heures sans que nous cessions d’y découvrir de nouveaux détails et de nouvelles histoires. Avec sa série Face in the Crowd, l’artiste s’intéresse aux espaces dans lesquels les gens sont amenés à subir la promiscuité : rues, plages, théâtre, aéroports, métro… L’artiste joue alors de ce rapport étrange entre l’espace privé et l’espace public pour recréer des scènes de foule où chaque personnage est présenté avec une attention toute particulière, chacun doté d’une apparence bien distincte et d’une histoire personnelle.

Tensions dramatiques et figures féminines

Pour cela, Alex Prager opte souvent pour des vues aériennes qui offrent un point de vue omniscient. Elle met en valeur chaque individu en choisissant des costumes et maquillages très stylisés, en soignant l’éclairage et un travaillant une palette de couleurs à la limite de la saturation. Parfois, une figure sort du lot et regarde directement l’appareil – et donc le spectateur – ce qui renforce l’impact théâtral. Empruntant des références à l’histoire de l’art et du cinéma, elle n’hésite pas à créer des figures qui pourraient tout droit sortir d’un film d’Hitchcock ou d’un cliché de Cindy Sherman.

Au sein de son travail, les figures féminines jouent souvent un rôle important : elles détonnent dans le cadre par leurs styles et leurs émotions exagérées. Une sorte de féminité poussée à l’extrême qui interroge les spectateurs sur ces représentations préfabriquées par le cinéma hollywoodien et la publicité.

Une quarantaine de photographies d’Alex Prager sont exposées à la Photographers’ Gallery à Londres, l’occasion de voir en vrai les tirages de l’artiste, véritable génie de l’image. On ne peut que vous recommander d’y aller si vous êtes de passage de l’autre côté de la Manche et, à défaut de pouvoir voyager jusqu’à Londres, de s’intéresser à ses photos autant qu’à ses films.

L’exposition “Alex Prager: Silver Lake Drive” à la Photographers’ Gallery de Londres jusqu’au 14 octobre 2018. Un ouvrage du même nom est publié aux éditions Thames & Hudson.