La Nasa vous demande de prendre des photos du ciel pour la bonne cause

La Nasa vous demande de prendre des photos du ciel pour la bonne cause

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© Martin Sattler/Unsplash

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Par Lise Lanot

Publié le

La conquête de l'espace d'Elon Musk compromet les études astronomiques et contribue à la perte de visibilité du ciel.

En 2002, le milliardaire Elon Musk fondait SpaceX, une entreprise aéronautique qui permettait à l’homme d’affaires de poursuivre sa folie des grandeurs et de matérialiser son rêve de conquérir l’espace. En plus de vouloir faciliter les voyages extraterrestres, Elon Musk étend son empreinte dans l’espace, avec l’idée d’améliorer l’accès à Internet dans le monde. Cette expansion, qu’encapsule le projet “Starlink”, nécessite l’envoi de milliers de satellites en orbite basse : le gouvernement américain a déjà autorisé le lancement de 12 000 de ces derniers, et l’entreprise espère encore en envoyer plus du double dans le ciel.

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Depuis ses premiers lancements, SpaceX a cependant causé beaucoup de remous dans la recherche astronomique. Ce déferlement de satellites provoque une pollution visuelle très importante, qui gêne les observations des scientifiques. L’Académie des sciences de Russie a été la première institution à dénoncer ce maillage de plus en plus important de notre ciel, en annonçant sa volonté d’en référer à l’ONU. Selon un de leurs chercheurs, Nikolai Samus, le réseau de satellites refléterait la lumière du soleil et corromprait entre 30 et 40 % de leurs images.

Une traînée de satellites Starlink de SpaceX est visible dans la nuit, tel que le montre cette capture d’écran d’une vidéo de Marco Langbroek, aux Pays-Bas, le 24 mai 2019, le lendemain du lancement en orbite de 60 satellites Starlink pour la communication Internet. (© Marco Langbroek via SatTrackBlog)

La Nasa combat déjà cette pollution croissante grâce à sa plateforme DarkSky Index. Celle-ci vise à documenter, sur le long cours, la baisse de visibilité du ciel à cause du nombre accru de satellites qui le peuple. Toute personne volontaire munie d’un téléphone portable ou d’un appareil photo est mise à contribution : il leur est demandé de prendre des images du ciel. À terme, ces images rapporteront l’évolution de la façon dont nous voyons les étoiles et les satellites depuis la Terre. En 2017, une étude rapportait que la pollution lumineuse augmentait de 2 % chaque année.

Quels efforts possibles du côté de SpaceX ?

Conscient du danger que représentent ces satellites pour la recherche, SpaceX tente d’imaginer des techniques qui amoindriraient les conséquences de leurs travaux : “SpaceX est complètement déterminé à trouver un moyen pour que notre projet Starlink n’ait pas de conséquences négatives sur la valeur des recherches que vous entreprenez”, avait affirmé en janvier dernier la vice-présidente de l’entreprise, lors d’un rassemblement de l’Union américaine d’astronomie.

Un des derniers satellites envoyés a ainsi été recouvert d’un vernis noir supposé réduire sa brillance. Seul problème rapporté par le média Astronomy, d’un point de vue pratique, les satellites doivent être recouverts d’un matériau réflectif afin de ne pas surchauffer. Les relations entre les agences spatiales internationales et l’entreprise privée d’Elon Musk promettent de connaître de nouveaux remous.