La vie de femmes enceintes en confinement documentée dans une série photo suffocante

La vie de femmes enceintes en confinement documentée dans une série photo suffocante

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© Scarlett Carlos Clarke

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Par Pauline Allione

Publié le

Les images étranges de Scarlett Carlos Clarke mettent l’accent sur le temps qui passe et la solitude entre quatre murs.

Si la maternité est censée s’accompagner de moments collectifs, être rythmée par les visites de proches, il n’en a pas été de même pour les jeunes mères et personnes enceintes en confinement. À domicile, la maternité aura surtout été marquée par une grande solitude. Et c’est justement cette expérience particulière que Scarlett Carlos Clarke explore dans son dernier projet.

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Dans sa première exposition personnelle “The Smell of Calpol on a Warm Summer’s Night”, présentée à la Cob Gallery de Londres, l’artiste britannique articule photos, sculptures et installations vidéo. Elle dévoile une série d’images envoûtantes à l’esthétique léchée, dans lesquelles sont mises en scène des femmes au ventre rond, la plupart du temps nues.

Paradise, The Smell of Calpol on a Warm Summer’s Night, 2019. (© Scarlett Carlos Clarke)

Une atmosphère étrange et inquiétante

Immortalisées dans des longs instants de langueur et lassitude, presque surréalistes, les femmes semblent exténuées et aspirées par les écrans, comme une fenêtre vers l’extérieur. Autour d’elles, des enfants sont parfois présents, eux aussi happés par les écrans. Capturées de nuit et uniquement éclairées par des lumières artificielles, les femmes sur les images renvoient une atmosphère à la fois pesante et étrange.

À travers ces images, la photographe dépeint l’étrange rapport au temps qui a rythmé les confinements, avec la prédominance évidente des écrans et des réseaux sociaux, mais également la solitude et les responsabilités qui ont pesé sur les parents ou futures mamans dans le même temps.

Untitled, The Smell of Calpol on a Warm Summer’s Night, 2018. (© Scarlett Carlos Clarke)

Écrans, lenteur et cris d’enfants

Le titre de l’exposition donne d’ailleurs un aperçu olfactif de cette double exploration : “The Smell of Calpol on a Warm Summer’s Night”, ou “L’Odeur du Calpol pendant une chaude nuit d’été” en français, fait référence au Calpol, un médicament commercialisé au Royaume-Uni à destination des enfants qui ne font pas leurs nuits.

Le contexte sanitaire n’a d’ailleurs pas manqué d’aggraver le post-partum de nombreuses femmes, comme en témoigne un rapport du collectif Toutes contre les violences obstétricales et gynécologiques. Près de 75 % des femmes ayant accouché entre le 15 février 2020 et le 31 mai 2020 étaient sujettes à un stress post-traumatique, contre 2 à 6 % des femmes habituellement.

Lucid Dreaming, The Smell of Calpol on a Warm Summer’s Night, 2018. (© Scarlett Carlos Clarke)

Like Moths, The Smell of Calpol on a Warm Summer’s Night, 2019. (© Scarlett Carlos Clarke)

That Day on the Beach, The Smell of Calpol on a Warm Summer’s Night, 2021. (© Scarlett Carlos Clarke)

Untitled, The Smell of Calpol on a Warm Summer’s Night, 2021. (© Scarlett Carlos Clarke)

The Smell of Calpol on a Warm Summer’s Night est visible du 1er au 31 juillet 2021 à la galerie Cob, à Londres.