L’agence Magnum vend en ligne des tirages de grands maîtres de la photo pour 90 euros

L’agence Magnum vend en ligne des tirages de grands maîtres de la photo pour 90 euros

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© Steve McCurry/Magnum Photos

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Par Lise Lanot

Publié le

Dans un élan de modernité post-réseaux sociaux, l'agence Magnum propose des tirages à prix réduit.

Depuis quelques années, Magnum Photos organise deux fois par an les “Magnum Square Prints”, des ventes à prix cassés de tirages de grands noms de la photo. Cet automne, l’agence Magnum – en collaboration avec Aperture – organise sa vente autour de l’exploration de l’idée de “ce que voit le photographe et qui est autrement caché”.

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Certain·e·s artistes ont pris le sujet au pied de la lettre, présentant des portraits, des photos documentaires ou des mises en scène où un visage ou une situation est dissimulé·e ; tandis que d’autres se sont laissé·e·s guider par leur imagination, à l’instar de Thomas Hoepker qui est parti à la recherche de “trésors cachés”, ou de Justine Kurland qui imagine une utopie féministe.

“La salle de bal du Savoy photographiée par Cornell Capa”, Harlem, New York, États-Unis, 1939. “[La salle de bal du Savoy] a été un catalyseur d’innovation où danseurs et musiciens mélangeaient différentes influences pour créer de nouvelles traditions, plus répandues et durables, dans la musique et la danse. Qu’ils y aillent ou pas, tous les Américains savaient ce qu’une soirée au Savoy signifiait.” Texte issu d’une plaque commémorative installée au Savoy en 2002. (© Cornell Capa/International Center of Photography/Magnum Photos)

“L’idée, c’est de donner la possibilité au grand public d’accéder à des tirages d’exception pour une somme abordable”, expliquait Antoine Kimmerlin, assistant éditorial à l’agence Magnum de Paris, en 2015. “On a volontairement choisi un format carré, qui rappelle celui des milliers de photos publiées chaque jour sur Instagram. Le format carré du tirage est un clin d’œil, un appel du pied, d’une agence historique du photojournalisme vers le réseau moderne et connecté qu’est Instagram.”

La multitude de photographes, de sujets et de techniques – à travers des monochromes, des tirages couleur, des scènes nocturnes, diurnes, documentaires ou répétées, anciennes ou récentes – permet une incursion dans la façon dont l’art photographique permet d’écrire un même sujet d’une infinie de façons différentes.

“Métro”, New York, États-Unis. 1980. “Cette photo a été prise dans le cadre d’une série en couleur effectuée dans le métro au début des années 1980. J’explorais plusieurs lignes de métro d’un bout à l’autre. Un jour, je suis tombé sur ce jeune homme dans un métro à Coney Island qui absorbait tellement de lumière qu’il irradiait. Le teint éclatant de sa peau semblait parfaitement s’accorder aux chaînes autour de son cou – ce que James Agee appelait des ‘insignes du soi’. Le fait que son visage soit dans l’ombre implique pour moi cette idée de ‘caché’. Bien que notre rencontre fut fugace, il s’est donné à mon appareil et est reparti dans les entrailles de Brooklyn. Quarante ans plus tard, j’ai entendu dire que cet homme (qui avait 20 ans à l’époque) était devenu un coach sportif réputé.” – Bruce Davidson. (© Bruce Davidson/Magnum Photos)

“Un manifestant, crise des missiles de Cuba”, Whitehall, Londres, 1962. “En 1962, quand le monde a failli entrer en guerre lors de la crise des missiles de Cuba, Trafalgar Square et Whitehall, à Londres, étaient remplis de protestants. Cet homme s’est séparé d’une foule de plusieurs milliers de personnes pour courir jusqu’au 10 Downing Street, la résidence du Premier ministre. Les policiers ont formé un cordon autour de lui pour l’en empêcher et repousser la foule. Sa réponse a été de s’asseoir face à eux. Quel slogan brandissait-il sur son panneau ? Qui était-il ? Que lui est-il arrivé ? Son geste a fait la une des journaux mais il restera anonyme pour l’éternité, enfermé tout à son activisme.” – Don McCullin. (© Don McCullin/Aperture)/Magnum Photos)

“Dairy Queen”, 2000. “Je voulais rendre visible l’invisible communion qu’il existe entre les filles, en mettant au premier plan cette expérience primaire et irréfutable. J’ai imaginé un monde dans lequel les actions de solidarité entre filles créeraient de nouvelles femmes – elles se multiplieraient rien qu’en étant ensemble et revendiqueraient de nouveaux territoires. Ce réveil collectif s’embraserait et se diffuserait jusqu’aux banlieues et aux cours d’école […].” – Justine Kurland. (© Justine Kurland/Aperture/Magnum Photos)

“La famille Damm dans leur voiture”, Los Angeles, Californie, États-Unis, 1987. “Pendant que je travaillais pour les Damm, j’ai eu l’idée de prendre un portrait dans leur voiture. C’était impossible de prendre l’image à l’intérieur de la voiture parce qu’il n’y avait pas assez de place. En plus, Rutley était un pitbull féroce dont la voiture était le territoire et qui m’aurait sûrement mordu. Le dernier jour, je leur ai demandé d’arrêter leur voiture près de rails de train et j’ai pris cette photo. J’en ai pris plusieurs mais quand j’ai vu Crissy toucher doucement et spontanément le visage de Jesse, j’ai su que c’était la bonne.” – Mary Ellen Mark dans “Exposure” publié aux éditions Phaidon en 2005. (© Mary Ellen Mark/Magnum Photos)

“Aquacade”, Floride, États-Unis, 1953. “J’étais en reportage pour le magazine ‘Life’ à un congrès international de danseuses classiques sous l’eau. Pendant trois jours, j’ai photographié des filles faire des roues et autres acrobaties compliquées sous l’eau. Un jour, lors d’une pause, l’équipe gagnante canadienne est remontée à la surface pour respirer. Depuis le fond de la piscine, je les ai photographiées piétiner l’eau.” – Philippe Halsman dans “Halsman at Work” de Yvonne Halsman (Harry N. Abrams, Inc., 1989). (© Philippe Halsman/Magnum Photos)

“Célébration du carnaval”, Zürs, Autriche, février 1950. “Toutes les chambres des hôtels étaient occupées ce soir-là, mais chaque établissement organisait un gala et il fallait être costumé pour entrer… J’ai remonté mon pantalon, retourné ma veste, mis ma cravate autour de ma tête et suis allé au Zürserhof.” – Robert Capa. (© Robert Capa/International Center of Photography/Magnum Photos)

“Près de Zhengzhou”, Chine, 2004. “Le monastère Shaolin est connu à l’international pour son association aux arts martiaux, notamment au Kung Fu Shaolin. La force physique et la dextérité dont font état les moines sont incroyables, d’autant plus qu’ils font preuve d’une profonde sérénité.” – Steve McCurry. (© Steve McCurry/Magnum Photos)

“Mohammed Ali”, Londres, Angleterre, 1966. “Il y a des trésors cachés dans toutes les archives analogues qui ne seront peut-être jamais découverts. Lorsque j’étais photoreporter, j’avais très rarement le temps de revoir les négatifs qui n’étaient pas immédiatement publiés. Donc quand ce thème ‘caché’ a été proposé, j’ai fait quelques recherches. Je me suis emparé de dossiers contenant de vieux négatifs et je suis tombé sur cette image de Mohamed Ali que j’avais complètement laissée de côté jusqu’à aujourd’hui – bien que j’ai publié de nombreux clichés d’Ali ainsi que deux livres à son sujet. C’est génial de voir tant de différentes facettes de sa personnalité sur une seule pellicule.” – Thomas Hoepker. (© Thomas Hoepker/Magnum Photos)

“Hidden”, la vente de tirages de Magnum Photos, en partenariat avec Aperture, se tient du lundi 28 octobre, 14 heures (heure française) au samedi 2 novembre 2019, 6 heures du matin. Les tirages sur papier de format 15,2 x 15,2 cm, de qualité muséale, signés ou tamponnés par l’estate, sont en vente pour 90 euros pendant cinq jours ici.