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Le photographe de “la fillette brûlée au napalm” retourne sur les lieux

Le photographe de “la fillette brûlée au napalm” retourne sur les lieux

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Par Anaïs Chatellier

Publié le

Une photo qui a failli ne jamais voir le jour

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“C’est ici que j’ai pris la photo que personne ne pourrait oublier”

43 ans plus tard, tout a bien changé sur les lieux de la scène apocalyptique. Le photoreporter, âgé de 64 ans, emprunte un van pour retourner sur les lieux du crime sur la route numéro 1. Un retour qu’il raconte sur le blog de l’Associated Press (AP). “C’est là, c’est là“, se remémore-t-il. Les souvenirs de cette horrible journée resurgissent alors instantanément :

C’est ici que c’est arrivé. Ici que les enfants sont apparus en criant. C’est ici que j’ai pris la photo que le monde ne pourrait oublier.

Le photographe se dirige ensuite vers le temple où Kim Phuc et sa famille s’étaient réfugiés pour se protéger des bombes. Il retrouve ainsi Ho Van Bon, le cousin de Kim Phuc, à droite de la photo de 1972 et que l’on voit sur la photo ci-dessousCette journée, Nick Ut la fait presque chaque année, tel un rituel. “Ça reste très important pour lui. Lui et la photo – et par extension le village – sont liés à jamais“, assure l’article de l’AP.


En adéquation avec l’ère digitale, le photographe est désormais équipé d’un iPhone pour pouvoir partager instantanément ses clichés au monde entier sur le compte Instagram de l’AP. Ce qui aurait pris des heures en 1972 pour parcourir les 40 kilomètres jusqu’à l’agence de l’AP à Saigon afin de commencer à développer les photos, prend désormais quelques secondes. Une évolution technologique qui fascine particulièrement le photographe. De son côté, David Campbell, spécialiste du storytelling visuel et professeur à Newcastle en Angleterre, explique dans l’article de l’AP :

Imaginez si ce qui serait arrivé en 1972, avec toutes les technologies et les méthodes de 2015… Certaines des personnes qui ont subi l’attaque de napalm aurait eu leur propre smartphone. Plusieurs soldats auraient eu des smartphones.
En 1972, on voyait seulement des images méticuleusement sélectionnées et éditées, qui représentaient des moments isolés. Aujourd’hui, on aurait un champ de vision plus large, une échelle du temps plus détaillée, et une compréhension des événements beaucoup plus importante.


Quant à la “fille au napalm”, Kim Phuc, elle est désormais quinquagénaire, mère de deux enfants et ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco. Dans une interview accordée au Monde, elle raconte :

J’ai longtemps voulu fuir cette petite fille plongée dans le chaos de la guerre du Vietnam. Mais la photo m’a toujours rattrapée. De partout des gens surgissaient en disant : “C’est bien vous ? Quelle horreur !” Et j’avais l’impression d’être doublement victime. Et puis j’ai décidé que ce qui m’apparaissait comme une malédiction avait aussi été ma chance. Et qu’il me revenait de choisir le sens à donner à cette photo.
“Elle illustrait l’épouvante de la guerre ?” Je deviendrai une ambassadrice de la paix.”Elle montrait la barbarie ?” Je parlerai d’amour et incarnerai le pardon. “Elle évoquait la mort ?” Je montrerai la vie.