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Le quotidien d’une communauté sourde-muette immortalisé par Graciela Iturbide

Le quotidien d’une communauté sourde-muette immortalisé par Graciela Iturbide

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© Graciela Iturbide

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Par Lise Lanot

Publié le

À la fin des années 1980, la photographe mexicaine a suivi des familles du gang des White Fence, vivant à Los Angeles.

Graciela Iturbide s’est mise à la photographie dans les années 1970 suite à sa rencontre avec l’artiste Manuel Álvarez Bravo alors qu’elle suivait des études cinématographiques après la mort de sa fille de six ans. Les premières décennies de sa carrière, qui perdure aujourd’hui encore et fait actuellement l’objet d’une grande exposition à la Fondation Cartier, polarisent son intérêt pour l’art du portrait et pour les communautés matriarcales.

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C’est souvent en créant des liens avec les femmes rencontrées qu’elle parvient à gagner la confiance et le respect des communautés qu’elle photographie. En 1986, la photographe commence à immortaliser des cholos et des cholas – noms qui désignent, entre autres, des métisses originaires du Mexique et des premières nations. Dans l’est de Los Angeles, elle rencontre le gang des White Fence, dont une partie est composée de personnes sourdes-muettes.

Rosario prépare le lait de son bébé, Gang des White Fence, East Los Angeles, États-Unis, 1986. (© Graciela Iturbide)

Fascinée par les rituels et habitudes, Graciela Iturbide immortalise la vie quotidienne des White Fence, mettant en exergue leur vie de famille et les différentes générations qui cohabitent. Bien que plongées dans le quotidien de Cristina, Liza et Rosario (dont le bébé est le seul à ne pas être sourd-muet), les images en noir et blanc n’ont pas de visée directement documentaire.

Graciela Iturbide travaille conjointement avec ses modèles. C’est en leur laissant le choix des décors et des mises en scène qu’elle raconte leurs croyances, ce qui les anime – notamment une “nostalgie pour le Mexique qui n’est pas toujours basée sur des faits”, tel que le rapportait la photographe pour le Los Angeles Times en 2017.

Cristina, Gang des White Fence, East Los Angeles, États-Unis, 1986. (© Graciela Iturbide)

En passant de longs moments avec ses modèles, et en s’assurant de créer des relations pérennes, la photographe visait à réaliser des images comme prises de l’intérieur, affranchies des stéréotypes et des suppositions péremptoires.

Ce sont sans doute ces volontés d’intemporalité et de narration pure qui ont poussé Graciela Iturbide à progressivement délaisser l’art du portrait pour se tourner vers davantage d’aspects mystiques et symboliques, vers l’abstraction. Figurative ou abstraite, sa carrière demeure infusée de thèmes analogues, en tension entre la force de l’élan vital et l’ombre pesante du passé, des traditions et, toujours, de la mort.

Rosario, Cristina et Liza, Gang des White Fence, East Los Angeles, États-Unis, 1986. (© Graciela Iturbide)

Cristina prend des photos, Gang des White Fence, East Los Angeles, États-Unis, 1986. (© Graciela Iturbide)

La Madone des Harpies, Gang des White Fence, East Los Angeles, États-Unis, 1986. (© Graciela Iturbide)

Rosario, Gang des White Fence, East Los Angeles, États-Unis, 1986. (© Graciela Iturbide)

Rosario, Gang des White Fence, East Los Angeles, États-Unis, 1986. (© Graciela Iturbide)

L’exposition “Graciela Iturbide, Heliotropo 37” est visible à la Fondation Cartier jusqu’au 29 mai 2022.

Konbini arts, partenaire de la Fondation Cartier