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Les drames vécus par les enfants afghans documentés par Jim Huylebroek

Les drames vécus par les enfants afghans documentés par Jim Huylebroek

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© Jim Huylebroek/Save the Children

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Par Lise Lanot

Publié le

Le photographe a parcouru le pays, plus de six mois après la prise du pouvoir par les talibans.

Cela fait plus de six mois que les talibans se sont emparés de Kaboul. Depuis le 15 août 2021, des centaines de milliers de personnes ont tenté de fuir leur pays et le régime des talibans. Afin de documenter la réalité de celles et ceux qui n’y parviennent pas, le photojournaliste Jim Huylebroek a sillonné le pays du nord au sud en passant par la capitale, Kaboul.

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Pour l’organisation Save the Children, le photographe est allé à la rencontre d’enfants “dont les vies ont été dévastées par cette crise humanitaire”. En Afghanistan, ce sont plus de cinq millions d’enfants qui souffrent de mulnutrition à cause du “triple facteur” économique, politique et climatique, rapporte l’organisation.

Gulalai*, 25 ans, et son mari Mohammad* ont six enfants âgés entre 1 jour et 6 ans. Ils vivent dans une petite maison en terre de deux pièces dans le désert de Jawzjan, au nord de l’Afghanistan. Ils n’ont ni électricité, ni eau courante. Mohammad* a beaucoup de mal à trouver du travail et, sans salaire, la famille survit uniquement grâce à du pain la plupart du temps. Gulalai* venait juste d’accoucher de Malika* quand nous l’avons rencontrée. Elle a dû accoucher chez elle, sans sage-femme, parce que la famille ne pouvait pas payer les 500 à 600 Afghanis (environ 6 euros) nécessaires pour aller jusqu’à l’hôpital le plus proche. Depuis, elle est tombée malade mais ne peut pas se payer de médicaments. Elle s’inquiète de la façon dont elle va nourrir son bébé, parce qu’elle mange si peu qu’elle ne produit pas assez de lait pour Malika et son fils d’un an Ninangyali*, atteint de malnutrition aiguë sévère. (© Jim Huylebroek/Save the Children)

“Les images racontent des histoires de lutte pour la survie. Des familles obligées de prendre des décisions impossibles quant à savoir quel enfant elles vont pouvoir nourrir et quel enfant ne pourra pas manger ; des nourrissons qui meurent avant d’avoir pu recevoir une aide médicale ; des mères qui accouchent seules par terre parce qu’elles n’ont pas assez d’argent pour aller jusqu’à l’hôpital ; des enfants forcés de travailler dans les rues pour rapporter à manger”, décrit l’organisation basée dans 122 pays.

La question de la documentation de situations si dramatiques, surtout lorsqu’elles concernent des enfants, est épineuse, d’autant plus qu’il s’agit ici d’un regard occidental. C’est sans doute pour cela que Jim Huylebroek a choisi de ne pas dévoiler les vrais prénoms des enfants et a tenté de les photographier sans sensationnalisme, tout en veillant à ne pas occulter la réalité de leur vécu.

Arzoo*, 12 ans, est l’aînée de huit enfants. Comme les écoles ont été fermées, elle n’a pas pu aller à l’école de tout l’hiver. Son père n’a pas pu travailler ces derniers mois et la famille a dû emprunter de l’argent à d’autres familles pour acheter à manger. La plupart du temps, ils mangent du pain parce qu’ils ne peuvent rien acheter d’autre. La mère, le père et le plus jeune frère d’Arzoo*, Aga Khan*, 18 mois, sont malades, mais la famille n’a pas les moyens d’aller chez le médecin. Ils disent qu’ils n’iront que si leur vie est en danger. […] Arzoo* raconte : “Pour le moment, mon père n’a pas de travail pour rapporter à manger. Un jour, on a à manger, le lendemain, on n’a rien.” Sa mère, Ferisha*, 35 ans, ajoute : “Il n’y a pas de travail. Les gens sont désespérés, il n’y a rien.” Quand on lui parle du futur de ses enfants, elle répond : “J’espère qu’ils pourront étudier et évoluer. Tout ce que je peux faire, c’est espérer.” (© Jim Huylebroek/Save the Children)

De gauche à droite : Gululai*, Ninangyali* et Sharifa* chez eux. (© Jim Huylebroek/Save the Children)

Laalah*, 12 ans, est assise avec ses frères Faakhir*, 1 an, Aabhas*, 10 ans, Aabid* 7 ans et Cachi*, 5 ans, devant leur maison dans la province de Balkh. […] Leur père, Maalek*, essaie de trouver du travail en tant qu’agriculteur chaque jour mais trouve rarement. Sans argent pour un logement, il a monté une tente dans la cave d’un bâtiment à moitié construit. Les enfants sont obligés de ramasser des ordures, des brindilles à brûler, des canettes et autres bouteilles à vendre au marché pour de petites sommes d’argent. (© Jim Huylebroek/Save the Children)

Delagha*, 50 ans, son père, sa femme et ses enfants vivent à Kaboul. Il travaillait dans une usine de briques à l’extérieur de la ville mais, récemment, il ne parvient pas à trouver du travail. Sa famille est à court d’argent et il est de plus en plus difficile d’acheter à manger. La fille de 18 mois de Delagha*, Kamelah*, est très malade et son père, Mohammad*, souffre d’une pneumonie et a perdu la vue. Un de ses enfants, Irfanullah*, a terminé l’école et cherche du travail pour aider sa famille. Ses trois grands frères ont déjà quitté le pays pour essayer de trouver du travail au Pakistan. Irfanullah* a peur de ne pas trouver de travail. (© Jim Huylebroek/Save the Children)

*Les prénoms ont été modifiés.