Les hôpitaux psychiatriques bangladais documentés dans des photos difficiles

Les hôpitaux psychiatriques bangladais documentés dans des photos difficiles

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© Nasif Imtiaz

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Par Lise Lanot

Publié le

Face au stigmate autour de la santé mentale au Bangladesh, le photographe Nasif Imtiaz est parti à la rencontre de patients.

“C’est ma propre dépression qui m’a inspiré pour réaliser cette série sur la santé mentale”, nous confie Nasif Imtiaz, qui œuvre depuis six ans à photographier “des problématiques sociales liées au droit humain”. Le déséquilibre entre la hausse des troubles psychiatriques au sein de la population bangladaise et le manque de ressources, d’infrastructures et d’équipes dédiées a convaincu le photographe de consacrer une série sur le sujet, réalisée dans des hôpitaux psychiatriques du pays. 

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Selon l’organisation ADD International, pour la totalité de la population du pays (près de 165 000 millions de personnes en 2020), il n’y aurait que cinquante psychologues clinicien·ne·s et 200 psychiatres au Bangladesh, soit environ “800 000 personnes pour un·e spécialiste de la santé mentale”. 

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Cet écart s’explique en partie par le stigmate qui entoure la discussion sur les troubles psychologiques et psychiatriques au Bangladesh : 

“De nombreuses personnes sont livrées à elles-mêmes, ont désespérément besoin d’aide mais demeurent dépendantes de soigneurs traditionnels ou de chefs spirituels pour se faire soigner. Cela mène souvent à de mauvaises pratiques, des abus des droits humains ou des décès injustifiés. 

Certains mythes persistent (telle que l’idée que les épisodes de détresse psychologique sont causés par des esprits maléfiques) et peuvent mener des communautés à apposer durablement des stigmates écrasants sur les personnes souffrant de conditions psychosociales.

Les individus ayant des problèmes de santé mentale vivent souvent en isolation et sont exclus de leur communauté. Parfois, ils sont cachés ou maltraités par leur famille”, détaille l’organisation dédiée aux handicaps.

© Nasif Imtiaz

Nasif Imtiaz affirme sur Bored Panda avoir été témoin de ce genre d’exclusion et d’abandons familiaux dans les hôpitaux où il a pris les photos de sa série : “De nombreux patients admis dans l’hôpital ont été abandonnés par leur famille qui ont laissé une fausse adresse et ne sont jamais revenus récupérer leur proche.” Ce genre de choses est désormais impossible selon lui, les vérifications d’adresses étant automatiques.

Le noir et blanc comme langage

Attristé par le “manque de méthodologie moderne” des établissements psychiatriques, le photographe a souhaité documenter les conditions de vie des patient·e·s, les marques sur leur corps ainsi que leur regard, le tout en noir et blanc.

“J’ai choisi le noir et blanc parce que j’ai l’impression que ça permet de mieux exprimer le langage de leurs yeux et de leurs émotions au public. Ce genre d’émotions ne peut pas être entièrement transmis grâce à la couleur. Parfois, trop de couleur peut constituer une distraction pour le public par rapport au message principal de l’image”, nous écrivait l’artiste. À travers ses photographies, Nasif Imtiaz déclare vouloir mettre en lumière l’importance de parler de santé mentale, sans peur ni tabou.

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Vous pouvez retrouver Nasif Imtiaz sur Facebook et Bored Panda.