Les mannequins virtuels sont-ils le futur de la photo de mode ?

Les mannequins virtuels sont-ils le futur de la photo de mode ?

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© Shavonne Wong

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Par Lise Lanot

Publié le

Lilium, Kade et Lunah sont époustouflantes mais elles n'existent pas. Elles ont été créées par la photographe Shavonne Wong.

L’agence de mannequins “Gen V.” présente des modèles d’un genre particulier. Lilium, Kade, Lunah sont prodigieusement photogéniques, elles posent parfaitement, grand sourire aux lèvres ou regard nostalgique transperçant l’objectif de leur photographe. Pourtant, il n’y a pas d’appareil photo, pas plus qu’il n’y a de photographe, de studio, ni même… de mannequins.

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Lilium, Kade et Lunah sont des créations virtuelles nées de l’imagination et de l’ordinateur d’une photographe vivant à Singapour. Pendant le confinement, son emploi du temps vidé de ses séances photo habituelles, Shavonne Wong cherchait un moyen de s’occuper. Sans modèles en chair et en os à photographier, elle a décidé de ne pas se laisser abattre et de créer ses propres mannequins.

Prise à son propre jeu, Shavonne Wong a créé une agence dédiée à ces mannequins, “Gen V.”, qui les présente vêtues de différents vêtements, arborant différentes poses. PetaPixel précise que la photographe s’est mise aux logiciels 3D sur le tas afin de perfectionner ses personnages, créés avec Blender. Ces mannequins 2.0 s ont d’ailleurs chacune un compte Instagram dédié.

Leur grain de peau, leur regard, leur physionomie : tout est pensé avec minutie et, au premier coup d’œil, il est difficile de se rendre compte qu’on se trouve face à des visages et des corps créés sur ordinateur – jusqu’à ce qu’on intéresse aux hashtags utilisés par Shavonne Wong : #3DModel, #DigitalModel, #VirtualPhotography.

“Je commence par décider quels traits je veux donner à mes modèles. La couleur de leurs cheveux, la forme de leur visage, l’épaisseur de leurs lèvres. Puis je trouve des images de vraies personnes avec les traits que je recherche. Ces références sont indispensables afin de s’assurer que les traits concordent avec ceux de véritables humains”, a détaillé la photographe.

© Shavonne Wong

Les dix ans de carrière de Shavonne Wong en tant que photographe de mode lui ont été grandement utiles dans cette expérience, a-t-elle également rapporté. Les heures passées à retoucher des pores de peau, et les connaissances acquises quant aux focales d’appareil photo, aux choix de lumières et de composition lui permettent de créer des images vraisemblables.

Le futur de la photo de mode ?

Au-delà du talent de la photographe, ces créations posent certaines questions éthiques. Il s’agit là plus que d’une prouesse technique puisque ces mannequins peuvent être embauchées par des marques ou des magazines. La clientèle observe les photos de chacune des filles et choisit sa préférée.

Une fois ce choix fait, “le client travaille avec Wong sur chaque détail de la ‘séance’, tel que le stylisme, les accessoires, les chaussures, les lumières et le décor”. Shavonne Wong crée ensuite la séance photo rêvée de ses client·e·s, tout en modifiant chaque détail selon les souhaits de ces dernier·ère·s, “faisant ainsi gagner du temps autant à Wong qu’à sa clientèle”.

En même temps que du temps gagné, sont également économisés les salaires des mannequins, photographes, stylistes et technicien·ne·s habituellement présent·e·s sur les séances photo de mode. “Je ne ferme pas les yeux sur les conséquences négatives que cela peut avoir sur les emplois des autres”, précise la créatrice de cette agence. “Cependant, je crois fermement au fait que la technologie nous permettra toujours d’avancer et que le futur arrive, qu’on le veuille ou non. On doit tous trouver des façons de s’y adapter.”

© Shavonne Wong

Tout en admirant la technique, on peut questionner un futur où les mannequins qui peupleront les pages des magazines et des panneaux publicitaires auront été créé·e·s sur mesure – à défaut d’avoir été modifié·e·s sur mesure.

En attendant, Shavonne Wong assure qu’elle s’apprête à créer davantage de mannequins aux “couleurs de peau, aux tailles, aux poids, aux genres et aux âges” plus diversifiés et s’enthousiasme de se mettre à la réalité virtuelle et à l’animation.