Lisa Murray documente les effets du changement climatique à travers le monde

Lisa Murray documente les effets du changement climatique à travers le monde

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Par Lise Lanot

Publié le

La photographe britannique Lisa Murray a documenté les effets du changement climatique à travers le globe, afin de mettre les climatosceptiques devant leurs incohérences.

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Depuis 2011, la jeune photographe Lisa Murray partage son temps entre l’Asie du Sud-Est et l’est de l’Afrique. Si son approche photographique est différente d’un pays à l’autre (le Viêt Nam, les Philippines, l’Indonésie, l’Inde, l’Éthiopie, le Soudan du Sud ou le Kenya aujourd’hui, entre autres), puisque la jeune femme passe du temps avec les populations locales afin de comprendre leurs problématiques, il y a bien une constante. Celle de s’intéresser à la façon dont les changements climatiques impactent leurs modes de vie.

À l’heure où Donald Trump, tout de même le président d’un des pays les plus influents du monde, nie l’importance des bouleversements climatiques que connaît notre planète, il est apparu primordial à Lisa Murray d’en témoigner visuellement. C’est pourquoi depuis six ans, elle embarque son objectif dans plusieurs pays dont les populations souffrent d’extrêmes sécheresses ou d’inondations erratiques. Cet intérêt pour le voyage et la volonté d’aider au développement de diverses régions du monde semble avoir toujours fait partie de sa vie :

“Quand j’étais petite, mes parents ont beaucoup travaillé dans des projets au Ghana, créant des ponts entre des écoles ghanéennes et britanniques et je suis souvent allée là-bas. J’ai toujours voulu travailler dans le développement et c’est donc le domaine que j’ai étudié et au sein duquel j’ai effectué des stages. Je suis partie en Éthiopie et j’ai commencé à étudier les effets du réchauffement climatique.”

Elle écrit des rapports sur le sujet pour des organisations jusqu’à ce qu’elle se rende compte que ce qu’elle préfère, c’est bien de s’intéresser directement aux gens qu’elle côtoie et d’apprendre à les connaître. Elle décide de devenir photographe indépendante et de travailler pour diverses organisations, telles la Rockefeller Foundation ou Oxfam, afin de raconter au plus grand nombre ce que vivent certaines personnes à d’autres endroits du monde et de faire de la communication visuelle un véritable outil pour “parler du nombre incroyable de gens qui souffrent”.

Un lien entre ceux qui vivent le changement climatique et ceux qui le nient

Récemment, Lisa et son équipe, composée de deux auteurs et d’un autre photographe, ont décidé d’ouvrir un blog, nommé Faces of Change, qui permet de montrer de façon directe les effets du changement climatique, comme un pied de nez à ces fameux climatosceptiques. Ce blog est directement destiné à ceux qui méprisent ou rejettent l’idée que l’action humaine épuise les ressources de notre planète et a pour but de donner une voix à ceux qui n’en ont pas à l’échelle internationale.

Lisa Murray insiste aussi particulièrement sur l’empathie qu’elle espère voir émaner en réaction aux images de son site : “Nous souhaitons sensibiliser les gens et leur montrer ce à quoi ressemble une vie altérée par les changements climatiques. C’est une autre vie là-bas”. Pour raconter ces histoires, la photographe passe beaucoup de temps avec ses modèles, elle vit avec eux pendant plusieurs semaines afin de faire partie de leur quotidien et de voir ce qui lui paraît intéressant à photographier :

“Dans un village à l’ouest du Kenya, j’ai commencé par aller me présenter puis j’ai passé de plus en plus de temps avec les habitants, je suis allée leur rendre visite dans leur maison, j’ai passé la nuit chez eux. Souvent, je me suis rendu compte que mon appareil photo était un bon moyen de faire connaissance, notamment lorsque nous ne parlions pas de langue commune.”

La photo comme médium artistique et humain

Son appareil devient un véritable outil d’apprivoisement puisqu’elle laisse par exemple les modèles la prendre en photo, afin de créer un lien entre eux. Elle affirme que la plupart des gens acceptent d’être photographiés parce qu’ils veulent que leur histoire soit racontée, même si les conditions dans lesquelles ils vivent leur paraissent normales. Certains refusent, lorsqu’ils sont trop occupés et ne voient vraiment pas en quoi leur histoire est intéressante.

Étant donné que Lisa Murray passe beaucoup de temps avec ses modèles et qu’elle souhaite raconter leur vie au quotidien, elle admet qu’elle ne se pose pas trop de questions quant à la composition de ses photographies et que ce qui l’intéresse est de “transmettre une humanité”. Elle est partisane de l’idée de mitrailler afin d’avoir du choix : “Parfois une image qu’on pensait complètement ratée est géniale”. Cependant, elle assure que la retouche est un aspect fondamental de son travail puisque c’est un “outil très pratique et sympa” qui permet d’embellir les photos qu’elle prend et de mettre à l’honneur ses modèles.

Le plus important pour la photographe est bien sûr de ne pas trop sentimentaliser ses images, de montrer les gens dans toute leur dignité, sans pathos, et pas comme des victimes. Elle souligne que “le changement climatique est une partie de leur vie, pas toute leur vie” et ses images valent davantage comme un message d’humanité, sans misérabilisme. Chaque photo porte en elle une histoire particulière, qui nous rapproche de personnes dont les vies sont à des milliers de kilomètres des nôtres, au sens propre comme au sens figuré.

Vous pouvez retrouver le travail de Lisa Murray sur son site et son compte Instagram ainsi que sur le blog Faces of Change.