Les combats de coqs, une tradition considérée comme un sport national aux Philippines

Les combats de coqs, une tradition considérée comme un sport national aux Philippines

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Par Lisa Miquet

Publié le

En voyage aux Philippines, Lou Stymes a réalisé un étonnant reportage sur les combats de coqs, une pratique traditionnelle du pays. 

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Alors qu’elle était tout simplement en vacances aux Philippines, Lou Stymes a eu l’occasion de découvrir une tradition locale des plus étonnantes : les compétitions de combats de coqs. Ayant envie d’en savoir plus sur cette pratique, elle a décidé de s’immerger et d’assister à 15 heures de combat en deux jours : “Sachant qu’un combat dure entre 30 secondes et 1 minute, je vous laisse imaginer le nombre de volatiles morts que j’ai vu passer”, raconte la jeune photographe.

Comme elle nous l’explique, les Philippines seraient l’un des rares pays au monde à avoir légalisé ce loisir et même à le considérer comme une discipline sportive appelée “sabong”. Plus qu’un simple divertissement, ce sport aurait une véritable importance dans la culture du pays : “Il est considéré comme le sport national à côté du basket. Il y a près de 2 500 stades dédiés à cette activité et plus de 30 millions de coqs meurent chaque année lors des combats.”

Pour pouvoir participer à ces compétitions, les coqs seraient même entraînés par leurs propriétaires. Ils s’en occupent avec soin pour qu’ils soient les plus forts possible le jour du combat. Certains coqs et leurs propriétaires seraient même devenus de véritables stars du pays, comme nous l’explique la photographe :

“Les propriétaires arrivent avec leurs coqs en main en taxi, en scooter ou avec leur voiture personnelle, les plus connus peuvent même avoir leur place dédiée sur le parking devant l’arène. C’est le cas de James Ang, star locale dans les faubourgs de Cébu.”

Une véritable industrie

Au-delà de leur aspect culturel et traditionnel, ces compétitions sont devenues de véritables marchés qui génèrent énormément d’argent. Si, en Europe, nous avons coutume de parier sur les équipes de foot ou les courses de chevaux, ici les paris se font sur les combats de coqs. Toutefois, pas de ticket et de guichet : les paris s’effectuent uniquement à l’oral, ce qui crée une véritable cohue autour de l’arène :

“Il fait très chaud, l’ambiance est quasi-exclusivement masculine – je n’ai vu que trois femmes en deux jours – et le volume sonore est assourdissant. Il est difficile de comprendre ce qui se passe. […] Tout d’abord, les coqs sont présentés au public et l’un à l’autre : c’est l’introduction. Alors qu’ils se dévisagent, il y a un court instant de calme.

Mais après ces quelques secondes de répit sonore, les bookmakers lancent les paris et c’est là que tout le monde se déchaîne. Tout semble très confus d’un point de vue extérieur ! En réalité, il y a un code très clair qui permet de parier avec des gens partout autour de l’arène. […] Chaque pari est oral ou visuel et repose sur la confiance et l’honneur.”

Pour rendre les combats encore plus rapides et spectaculaires, des lames en acier de 8 cm sont attachées à l’arrière des volailles. Dans l’arène, tels des gladiateurs, les coqs se livrent à ces violents combats sous le regard attentif des spectateurs :

“Après ces quelques minutes assourdissantes, les paris sont clos et le combat commence. Très agressifs, armés de leur lame en acier et surexcités, les coqs se foncent dessus. En moins d’une minute, l’un des deux combattants est mort ou grièvement blessé. C’est le temps de l’échange des billets. La quantité d’argent transférée est impressionnante.”

Si l’animal est simplement blessé, il est amené en urgence chez un chirurgien qui tente de le sauver, s’il est mort, il est offert au propriétaire gagnant qui pourra le manger par la suite.

Respect de la condition animale

Même si l’interdiction d’ouvrir de nouveaux gallodromes – c’est ainsi que l’on appelle les rings où les coqs combattent – en France n’a été confirmée qu’en 2015 par le Conseil constitutionnel français, et que la part de tradition est importante dans la pratique de cette activité, la question du respect de la condition animale se pose. Un vaste sujet, qui est encore régulièrement questionné en France, notamment concernant les méthodes pratiquées dans certains abattoirs. Si la photographe a été dans un premier temps happée par l’énergie de l’événement, elle explique tout de même avoir été marquée par la quantité de volatiles tués :

“Au début, j’ai été fascinée, l’ambiance est vraiment impressionnante et très prenante. Les gens ont l’air super contents, on sent se dégager quelque chose de positif. En fait, j’étais plus happée par les gens et leur état d’esprit que par l’action en elle-même. Mais c’est vrai que passé cette première impression, au bout de quelques combats, on prend davantage conscience de l’action. Et là, on voit le rythme effréné des combats, et donc le nombre de volatiles morts. Subitement, ça devient un peu écœurant.”

Comme la corrida, les traditions qui reposent sur la mise un à mort d’un animal peuvent évidemment être discutées. En nous faisant découvrir cette tradition à travers ses images, Lou Stymes ouvre le débat sans prendre position.

Vous pouvez retrouver le travail de Lou Stymes sur son site personnel et son compte Instagram