Pour la première fois, Vogue Mexico met en couv’ une mannequin indigène transgenre

Pour la première fois, Vogue Mexico met en couv’ une mannequin indigène transgenre

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© Tim Walker pour “Vogue Mexico”

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Le célèbre photographe Tim Walker signe la une de décembre 2019 de "Vogue Mexico" avec la mannequin Estrella Vasquez.

En cette fin d’année, Vogue Mexico fête son vingtième anniversaire. Pour marquer le coup, la publication a décidé de consacrer son numéro de décembre 2019 au “troisième genre”, en unissant leurs forces avec l’édition anglaise. Les équipes éditoriales mexicaines ont donc fait appel au photographe britannique Tim Walker, connu pour ses portraits aux mises en scène fantasques. La une et le thème du numéro ont été révélés la semaine dernière sur leurs réseaux sociaux.

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Pour la première fois, Vogue Mexico a dédié sa une à une mannequin transgenre, Estrella Vasquez. Vogue Paris l’avait fait pour la première fois en mars 2017, avec la mannequin Valentina Sampaio. Ce n’est donc pas la première fois qu’une mannequin transgenre fait la une d’une édition de Vogue, mais c’est bien une première pour l’édition mexicaine. 

“Il était une fois un pays plein de magie, de lianes d’or et d’iguanes, dans lequel la brise chaude murmure encore ses légendes à l’oreille des passant·e·s. Depuis des temps immémoriaux, l’histoire du troisième genre fascine. Elle est arrivée jusqu’à la couverture de ‘Vogue Mexique. […] Dans un monde où les étiquettes semblent essentielles, les muxes apparaissent comme une figure qui refuse d’être cataloguée. Le troisième genre a un rôle important dans l’histoire'”, écrit le magazine sur Instagram

Défendre la cause des “muxes”

La couverture de “Vogue Mexico”, décembre 2019, avec Estrella Vasquez, photographiée par Tim Walker.

Le terme “muxes” (provenant de “mujer”, “femme” en VF) désigne au Mexique une communauté se définissant selon un troisième genre et ce sont ces “muxes”, reconnues dans leurs pays mais victimes de discriminations au sein de la société, que Vogue Mexico a voulu célébrer. La plus grande communauté de “muxes” (environ 5 000) réside à Juchitan de Zaragoza, le village natal d’Estrella Vasquez.

Ces femmes subissent des injures et agressions transphobes au quotidien dans un pays où la culture catholique est très ancrée. Vêtue d’une tenue traditionnelle de la ville d’Oaxaca, éventail rose dans une main et couronne de fleurs dans les cheveux, Estrella pose avec assurance devant l’objectif de Tim Walker.

À 37 ans, la mannequin s’épanouit dans sa culture zapotèque. “Tous les gens qui ont vu cette couverture me félicitent”, confie Estrella Vasquez au Guardian. “Je pense que c’est un grand pas en avant. La discrimination perdure, mais elle se voit moins qu’avant. C’est difficile de faire le tri dans toutes ces émotions. Ça me donne presque envie de pleurer”, poursuit-elle.

Signant une ode à la tolérance et à la liberté, cette couverture s’inscrira ainsi dans l’histoire de Vogue Mexico – au même titre que leur une de décembre 2018 faisant figurer une femme amérindienne pour la première fois, l’actrice Yalitza Aparicio.