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Pourquoi la récente une de Vogue UK fait-elle débat ?

Pourquoi la récente une de Vogue UK fait-elle débat ?

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© Rafael Pavarotti/Vogue UK

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Par Konbini arts

Publié le

La une, qui présente neuf mannequins noires originaires du continent africain, fait couler de l’encre sur les réseaux sociaux.

À la mi-janvier, l’édition britannique du magazine Vogue dévoilait la couverture de son numéro de février 2022 intitulé “Fashion Now”. Dès sa sortie, la une a fait sensation grâce au choix des mannequins photographiées, neuf femmes noires originaires du continent africain : une première pour une couverture de Vogue.

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Présentant Abény Nhial, Adut Akech, Akon Changkou, Amar Akway, Anok Yai, Janet Jumbo, Majesty Amare, Maty Fall et Nyagua Ruea, la une est devenue, en quelques jours, “l’une des couvertures de British Vogue les plus likées de tous les temps” sur Instagram. En parallèle de cet enthousiasme sur le compte du magazine, de nombreuses voix ont émergé sur les réseaux sociaux afin d’interroger les choix artistiques pris par le rédacteur en chef Edward Enninful pour immortaliser les neuf femmes.

Le dossier “Fashion Now” et la couverture du numéro ont été critiqués pour l’éclairage, le stylisme, les coiffures et la direction artistique des mannequins. Les internautes ont rapporté leur déception de voir que les neuf mannequins portaient toutes des “perruques à l’européenne” (alors qu’elles n’en portent pas habituellement), qu’elles étaient toutes habillées en noir, posaient de façon statique sans “joie”, qu’elles étaient mal (voire pas) éclairées et que leurs peaux avaient été foncées à la retouche.

Sur Twitter, le photographe brésilien Rafael Pavarotti, qui signe le dossier, a été qualifié de tristement célèbre pour obscurcir des personnes à la peau foncée”. Dans une story Instagram, Christiana Mbakwe-Medina, autrice sur l’émission parodique The Daily Show with Trevor Noah, a qualifié l’éclairage des mannequins de “mascarade”.

Capture d’écran de la story Instagram de Christiana Mbakwe-Medina.

“Il y a beaucoup à déconstruire ici : le cadrage, l’assombrissement délibéré en post-production, les expressions mortes et l’absence de joie sont tellement révélatrices de la façon dont les institutions de mode blanches voient les femmes noires, le choix artistique de toutes les mettre en noir alors que des couleurs vives auraient sûrement été bien plus flatteuses pour leurs teintes de peau. Mais tout ce que je veux dire, c’est qu’on est en 2022 et que ‘Vogue’ n’est toujours pas fichu d’éclairer correctement des femmes noires. Cette lumière est une mascarade.”

Une “couverture importante” décevante ?

Pour la journaliste nigériane Stephanie Busari, ce “tableau sombre et sinistre” au sein duquel sont mises en scène les mannequins et leur “éclairage si obscur” les rend “presque impossibles à distinguer” et présentent une “vision homogénéisée”. Un paradoxe pour une “une couverture supposée célébrer leur individualité” : “Était-ce vraiment la meilleure façon de célébrer la beauté noire ? N’aurait-il pas été mieux de laisser leur beauté unique et naturelle briller ?”

Dans sa tribune pour CNN, la journaliste se désole du résultat de cette “couverture importante” qu’elle aurait préféré adorer” mais qui n’a fait que lui apporter confusions et interrogations. Un sentiment semble-t-il partagé par nombre d’internautes et qui n’a pas encore reçu de réponses de la part du photographe ou du rédacteur en chef.

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“Cette couverture est bizarre. L’éclairage ne va pas ; le fond ne va pas. Les différences entre les tons de peau et les reflets sont inexistants. Et les modèles africaines portent toutes des perruques à l’européenne. Hein ? ‘British Vogue’ doit vraiment embaucher des photographes noires.”