Quand la moisissure devient de l’art, les expériences biologiques de Seung-Hwan Oh

Quand la moisissure devient de l’art, les expériences biologiques de Seung-Hwan Oh

photo de profil

Par Lisa Miquet

Publié le

On imagine souvent que les germes sont des choses laides, sales et dégoutantes. Avec sa série d’images colorées, le photographe coréen Seung-Hwan Oh va vous réconcilier avec la moisissure. 

À voir aussi sur Konbini

Curieux et touche-à-tout, le Coréen Seung-Hwan Oh a décidé de mettre ses quelques connaissances scientifiques au service de l’art. En effet, pour réaliser les images de sa série Impermanence – qui ressemblent presque à des peintures –, l’artiste a décidé de cultiver des champignons qu’il applique ensuite sur sa pellicule : les micro-organismes se répandent et altèrent peu à peu le film, ce qui donne des images troublantes aux taches colorées.

Pour trouver le juste procédé, l’artiste a réalisé de nombreuses expérimentations. Il a dû contrôler correctement le taux de croissance des micro-organismes afin d’obtenir avec précision l’effet désiré. Certaines images ont été complètement détruites car le film était désagrégé, d’autres étaient si fragiles qu’elles étaient impossibles à reproduire. Après avoir fait un certain nombre d’ajustements, le photographe a pu obtenir certaines images satisfaisantes, mais comme il l’explique au site Web Paste, la possibilité de réussir sa photo est encore très faible – environ 0,2 %.

Une grande place à l’aléatoire

En laissant ces micro-organismes altérer son image, Seung-Hwan Oh produit un travail qui interroge le lâcher prise d’un artiste vis-à-vis de son œuvre. L’artiste ne peut pas tout contrôler et doit laisser une place à l’aléatoire, un parti pris qui enrichit sa démarche. Il explique ce choix au site anglais The Telegraph :

“J’utilise cette technique pour partager l’idée que toute la matière, y compris toutes les formes de vie, s’effondrent dans cette dimension spatio-temporelle à laquelle nous appartenons.”

Dans un monde où les images sont retouchées, extrêmement contrôlées et surtout facile à produire, l’artiste a, quant à lui, décidé de les maltraiter, de les détériorer afin d’en révéler toute la physicalité. Au-delà de réaliser des œuvres esthétiques mêlant flou et couleurs abstraites, réussies d’un point de vue formel, l’artiste choisit de nous questionner sur la matière de l’objet photographique à l’heure du numérique.

Vous pouvez retrouver le travail de Seung-Hwan Oh sur son site personnel.