Ray Metzker ou le maître du noir et blanc

Ray Metzker ou le maître du noir et blanc

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Par Lisa Miquet

Publié le

Actuellement exposées à Paris, les images de Ray Metzker témoignent d’une pratique magistrale de la photographie. 

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Ray Metzker, né en 1931, est probablement l’un des plus grands noms de la photographie américaine. Finalement assez peu connu en Europe, il mérite pourtant qu’on s’attarde à son œuvre prolifique d’une beauté indiscutable. Si vous connaissez encore peu son travail, la galerie Les Douches à Paris organise actuellement une exposition de 69 tirages argentiques de l’artiste. Ses images d’une finesse incroyable témoignent d’une véritable maîtrise du noir et blanc.

Les photos de Ray Meztker sont divinement contrastées : les noirs sont profonds, les blancs éclatants et les gris sont subtilement dégradés. Les ombres viennent habiller le décor et les rayons lumineux structurent élégamment l’image. Les cadrages particulièrement graphiques sont travaillés et réfléchis. Sans jamais rester dans sa zone de confort, le photographe a durant toute sa carrière cherché à se réinventer, proposant année après année de nouvelles expérimentations aussi bien formelles que conceptuelles. Si de nombreux photographes ont vocation à immortaliser l’instant, le travail de Metzker s’inscrit beaucoup dans un autre rapport à la temporalité. Il peint avec la lumière et attend avec patience le bon moment, la bonne image.

Quand la chambre noire donne vie à la photo

L’artiste se distingue aussi par sa capacité à exploiter au maximum le medium photographique : au-delà d’être un très bon photographe, il était aussi un excellent tireur. L’un des moments préférés de Metzker est celui de la chambre noire. Pour lui, prendre une photo n’est que la moitié du processus, la véritable image ne naît qu’après traitement. Il parle d’ailleurs de son appareil photo comme un “aspirateur, qui absorbe chaque détail à l’intérieur du cadre“. Il corrige alors ses images avec attention, faisant ressortir certains détails, en atténuant d’autres. Un habile jeu de masques et de temps de pose, à l’époque de l’argentique, qui pourrait faire rougir aujourd’hui n’importe quel utilisateur de Photoshop.

Cependant, si l’artiste dompte avec aisance la lumière et joue habilement avec les contrastes, la qualité de son travail ne réside pas uniquement dans sa forme. Durant de nombreuses années, le photographe a immortalisé les rues des États-Unis, en passant par l’Europe, son œil aiguisé capturait des moments de vies, documentait le quotidien. Si le décor urbain était au départ une sorte de tremplin, matière première pour exercer sa pratique de la photo, la rue est finalement devenue son sujet principal, une source inépuisable. Le photographe expliquait d’ailleurs  :

“La rue est une scène privilégiée d’interaction humaine. […] D’abord, j’observe minutieusement tout ce qui s’y passe, l’appareil tourné vers le sol… puis, je le relève et je m’intéresse à ce qui circule, au flot mouvant d’hommes et de femmes qui apparaissent, disparaissent, à cette pulsation…”

Des images qui subliment la rue, avec force et poésie, à découvrir.

“Ray Metzker, Abstractions”. Du 4 mars au 27 mai 2017 à la galerie Les Douches à Paris.