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À la redécouverte de l’album mythique “To Pimp a Butterfly” de Kendrick Lamar en 16 photos

À la redécouverte de l’album mythique “To Pimp a Butterfly” de Kendrick Lamar en 16 photos

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Par Lise Lanot

Publié le

Admiratif de la beauté complexe du troisième album du rappeur Kendrick Lamar, Ixeurban a décidé de lui rendre hommage à travers seize clichés dédiés aux seize morceaux de l’opus.

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Selon Barack Obama, To Pimp a Butterfly était le meilleur album de l’année 2015. Difficile de passer à côté du génie de Kendrick Lamar qui, de ses morceaux politiques et poétiques à sa créativité visuelle, n’en finit pas de laisser une empreinte toujours plus marquée dans le paysage hip-hop et assure, in fine, son héritage.

Tout comme l’ex-président des États-Unis, le photographe Ixeurban a été marqué par le troisième album du MC américain. Amateur de rap, l’étudiant aux Gobelins raconte avoir passé l’année de la sortie de l’album à l’écouter : “Au bout d’un an à toujours autant l’apprécier après chaque écoute, j’ai commencé à éplucher l’album afin d’en comprendre la construction et je me suis dit que je pouvais peut-être en faire quelque chose.”

Une image par chanson

Photographe depuis deux ans, le jeune homme a allié ses passions pour la photographie et la culture urbaine avec sa série dédiée à l’album de K-Dot. Ixeurban a conçu seize images directement inspirées des univers de chacune des seize chansons de l’opus.

Le processus de création a duré environ un an, entrecoupé de quelques pauses. Quelques idées de départ ont initié le projet et lui ont permis de se lancer sur les premières photos, tout en continuant à décortiquer l’ensemble de l’album afin de parvenir à une série cohérente.

L’artiste précise que les morceaux n’ont pas tous été aussi aisés à traiter. Certaines idées lui sont venues naturellement, grâce à l’esthétique déjà définie par Kendrick dans ses clips par exemple (c’est le cas de “U“), tandis que certaines paroles, particulièrement lourdes de signification, lui ont davantage posé problème. La track numéro 4 de l’album, “Institutionalized”, fait partie de ces morceaux difficiles à représenter :

“J’avais envie de montrer que, dès l’enfance, certaines personnes et certaines communautés sont mises dans des cases dont il est parfois difficile de sortir et c’est ainsi que s’installent des clichés. Ma photo du petit garçon avec les billets représente les mauvais choix que l’on peut faire. Les sujets de l’argent et de l’excès sont très présents dans l’album, de même que la pression mise par l’industrie sur les artistes afro-américains.”

Un projet ouvert qui lui a permis de nombreuses rencontres

Ixeurbane précise que le projet lui a permis de rencontrer énormément de personnes, qui s’y sont greffés et ont apporté leur pierre à l’édifice, des amis proches aux simples connaissances : “Tous ont répondu présent, c’est ce travail d’équipe qui fait que le projet tient debout.”

Les photos lui ont permis de tisser des liens et de rassembler des personnes très différentes. Il nous relate volontiers l’histoire derrière l’image dédiée à “How Much a Dollar Cost” (ci-dessous) :

“L’homme que j’ai pris en photo pour ce morceau est un sans-abris que je voyais souvent en allant au travail, il y a trois ans. Quand j’ai commencé le projet l’année dernière, je me suis souvenu de ce monsieur. J’y suis retourné et il était toujours là.

Dans son morceau, Kendrick raconte une rencontre avec un sans-abri en Afrique du Sud qui lui demande 1 $, qu’il ne lui donne pas. Le SDF était en fait une représentation de Dieu et le dollar permettait l’accès au paradis. Je suis donc allé voir cet homme [qui apparaît sur la photo ci-dessous, ndlr] que je croisais souvent, j’ai parlé avec lui et lui ai expliqué la situation.

On a pris quelques photos. Je lui ai laissé un peu d’argent en partant et, surtout, le fameux dollar. À chaque fois que je l’ai croisé depuis, il avait toujours le billet sur lui.”

Le jeune homme insiste sur l’importance de l’image, qui raconte tout, selon lui. Ainsi n’est-il pas nécessaire de trop en dire sur cette série, tant Ixeurban désire laisser le spectateur libre de ses ressentis. Chacun peut se laisser porter à sa façon par les photographies en noir et blanc de l’artiste. Le meilleur moyen est encore de découvrir la série l’album dans les oreilles, afin de se remettre dans le bain de l’univers de Kendrick tout en profitant de la sortie de la bombe qu’est Damn.

Vous pouvez retrouver le travail d’Ixeurban sur son compte Instagram et ses pages Facebook et VSCO.