Rencontre : Dani Olivier, la brillante relève de Lucien Clergue

Rencontre : Dani Olivier, la brillante relève de Lucien Clergue

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Dani Olivier | Au lycée puis à l’université, j’étais passionné de photo et de développement, mais aussi de dessin et de peinture abstraite. Avec des amis, dans le cadre d’un club informel, nous passions de longues nuits à développer des images dans la cuisine de mon studio d’étudiant. Je n’ai jamais suivi de formation, mais j’ai lu pas mal de livres sur le sujet.

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Comment définirais-tu ton travail ?

Mon travail est une recherche autour de la géométrie du corps. Je crée des installations de lumière en projetant des images très graphiques sur des corps ou des visages. Je les photographie ou je les filme ensuite. Je ne retouche pas les images capturées : ainsi, les images sont fidèles à l’instant, sans retouche ni altération. Les effets spéciaux sont produits au moment de la prise de vue.

Quel est le moment que tu préfères dans la création d’un projet ?

Lorsque, dans un projet, des images jamais vues apparaissent. Je ressens alors un profond sentiment de satisfaction, celui d’avoir découvert de nouvelles harmonies inédites, et de pouvoir le partager.

Parle-nous de tout ce travail avec la lumière, les couleurs, les corps et les motifs ?

Mon travail se résume à trois éléments : un modèle, un fond noir et des jeux de lumière. Mon objectif est de capter les harmonies entre les gestuelles et les chorégraphies des modèles, ainsi que l’image projetée sur elles.

Est-ce que tu veux bien nous révéler les secrets des coulisses ?

Une petite astuce qui fonctionne toujours : avoir une boîte de bons chocolats à disposition des modèles, cela aide à garder toujours une bonne ambiance sur les tournages. Mais attention à ne pas trop en abuser avant les photos.

Tu aimes le travail de Lucien Clergue et Man Ray ?

Man Ray dans les années 30, puis Lucien Clergue dans les années 80 (comme beaucoup d’autres) ont utilisé des ombres portées pour projeter des motifs sur les corps. Une partie de mon travail, que j’appelle “linéogramme”, poursuit cette recherche : voir se déformer harmonieusement des lignes régulières sur les courbes du corps.

Pourquoi photographies-tu des femmes uniquement ? Qu’est-ce que le corps féminin apporte à ton travail ? Tu adaptes les poses de chaque femme selon le motif et la lumière que tu projettes ?

Mon objectif artistique, depuis mes débuts en photographie, a toujours été de sublimer le corps de la femme. Il y a 8 ans environ, j’ai testé les projections sur les corps, j’ai vu le potentiel de cette technique et j’ai décidé de m’y consacrer pleinement pour la développer et atteindre ainsi mon objectif artistique.

Désormais, j’utilise les techniques et les compétences graphiques de ces huit années de travail autour du corps de la femme sur d’autres sujets : hommes, portraits, danseurs et danseuses…

Que penses-tu de toutes ces applications dédiées à la photographie (Instagram, VSCO…) ? Est-ce qu’elles dénaturent l’art photographique selon toi, ou est-ce une bonne chose ? Comment utilises-tu les réseaux sociaux pour ta pratique artistique ?

Les réseaux sociaux me permettent de garder un lien avec des milliers de personnes très simplement, de poser des questions sur une nouvelle idée ou image, et même parfois de demander des suggestions de titres pour mes photos. C’est très pratique pour avoir un retour rapide. Mais ce n’est pas une fin en soi.

Des millions de personnes pratiquent chaque jour la photographie via leur mobile. Tout le monde a désormais accès à la photographie illimitée et peut échanger ses créations instantanément. C’est évidement une bonne chose. Il y a dix ans, personne n’aurait osé en rêver.

Quels conseils donnerais-tu aux personnes qui aimeraient se lancer dans la photographie et aux jeunes photographes ?

Trois conseils pour les photographes qui souhaitent se lancer : se spécialiser pour se différencier et créer son propre style visuel, choisir des sujets assez puissants pour pouvoir leur consacrer de longues périodes de travail, et travailler la technique.

Quel est le projet photographique le plus fou que tu aurais aimé avoir fait ou que tu aimerais faire ?

J’adorerais partir faire un tour du monde des portraits avec projection.

Y a-t-il des artistes qui ont capté ton attention récemment ?

Ce n’est pas un artiste contemporain, mais il a travaillé le corps et l’exposition qui lui est consacrée au Louvre est passionnante : le sculpteur et dessinateur du 17e siècle, Boucheron.

Des projets à venir ?

Je vais présenter mes nouveaux travaux : corps féminins — mais aussi masculins — abstraits, portraits et vidéos expérimentales dans plusieurs expositions à venir. Du 10 au 13 novembre au Carrousel du Louvre dans le cadre du salon Fotofever. Début 2017, je suis exposé au musée MEM de Bruxelles. Ensuite, je présenterai mon nouveau livre à Arles en juillet 2017, puis à la galerie Leica de Beverly Hill en décembre 2017.

Vous pouvez suivre le travail de Dani Olivier sur Instagram et sur Facebook.