Reportage : dans les coulisses de la dernière pub Adidas x Pharrell mettant à l’honneur les Native Americans

Reportage : dans les coulisses de la dernière pub Adidas x Pharrell mettant à l’honneur les Native Americans

photo de profil

Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Le récit de son expérience

Manon de Soos a assisté Éric Valli qui avait été appelé par une agence de pub pour réaliser le nouveau spot d’Adidas, pensé en collaboration avec Pharrell Williams. Elle voulait le suivre pour faire un making-of du tournage et un reportage sur les Native Americans dans le contexte de leur pow-wow annuel : un rassemblement traditionnel où l’on fait des rites spirituels et où toutes les générations se confondent.

À voir aussi sur Konbini

Accompagnée du réalisateur, de son chef opérateur Philippe ainsi que de son assistant Raphaël, elle nous raconte qu’aux frontières de l’État de Dakota du Nord, un douanier leur a dit : “Vous allez à New Town ? Mais personne ne va jamais là-bas, il n’y a rien à part, peut-être, deux arbres !”

Jeune photographe en quête de découverte et d’apprentissage, elle s’est retrouvée plongée dans la culture de trois tribus de la réserve M.H.A. Nation : les Mandans, les Hidatsas et les Arikaras. Manon nous explique :

“Contrairement aux pubs sur lesquelles Éric avait travaillé, là, il n’y avait aucune préparation, aucun repérage et nos mannequins étaient des locaux non professionnels. Nous avions donc quatre jours pour réaliser plusieurs interviews, un film et une série de photographies présentant la collection, tout en nous adaptant à nos protagonistes qui ont une vie à côté.”

Avec 73 personnes présentes sur place dès ce premier jour de tournage, elle nous confie que le réalisateur se sent stressé et se demande comment ils vont procéder dans un “cirque pareil”, avec une météo changeante. Heureusement, l’équipe est composée de gens de tous horizons et se montre efficace.

Le surlendemain, elle rencontrera un Américain natif qu’on appelle Young Bear. Une rencontre qui la marquera : il lui parle de l’interconnexion entre les hommes et du besoin de retourner à l’essence de nos êtres.

Une esthétique du mouvement et des couleurs

Le but de Manon était de réaliser des photos à la manière d’un reportage, et le plus spontanément possible, à l’image de la vidéo. Le deuxième jour de tournage, ils se rendent au cœur de l’effervescence : le pow-wow. Ils sont chaleureusement accueillis par les tribus. Manon a la volonté de capturer toute la force et la beauté de leur tradition ainsi que l’essence de ces peuples.

Et c’est un pari réussi, car les portraits de cette photographe regorgent de couleurs vibrantes et joyeuses, sublimées par le mouvement des danses. Avec émotion, elle nous dit :

“Arrivée sur le terrain au milieu des champs de colza, derrière des arbres, de grosses voitures américaines se dessinent. Je ne sais pas à quoi m’attendre. Bercée d’idées reçues sur leurs traditions, j’avance et je perçois le bruit des tambours, le cri de leurs chants. Un fort contraste s’installe d’un coup. Au milieu de cette modernité, les Native Americans se retrouvent, toutes générations confondues, pour perpétuer ces rituels, pour se reconnecter avec leur passé.”

Leurs vêtements traditionnels rehaussent le décor et les couleurs, et ils posent leurs regards forts et dignes sur l’appareil photo de Manon. Elle ressent une énergie tribale, partout où elle pose le regard, “les couleurs explosent”. Ils semblent “habités”. Elle essaie de capturer les vibrations de leurs danses chamaniques, en apportant un peu de flou artistique pour se concentrer plus sur l’émotion que sur le détail. “Vibes don’t lie”, comme elle dirait.