Une rétrospective sur le travail sensuel de Herb Ritts à la Maison européenne de la photographie

Une rétrospective sur le travail sensuel de Herb Ritts à la Maison européenne de la photographie

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Un esthète baignant dans un milieu mondain

Né dans le cadre d’un mois d’août 1952, solaire et hollywoodien, dans le sud de la Californie, à Brantwood, entre grandes demeures californiennes et rangées de palmiers, Herb Ritts a connu une enfance paisible et des études prestigieuses aux côtés de ses parents commerçants. Dans un entretien datant des années 1990 avec The Bardian, il rappelle comment la photographie est entrée dans sa vie : “Après mon bac, j’ai travaillé un certain temps dans l’entreprise familiale, puis, un appareil photo m’est littéralement tombé sous la main et j’ai commencé à photographier mes amis. Puis, de fil en aiguille, c’est devenu un travail.”
La photographie a finalement largement dépassé le stade de la curiosité quand Newsweek a publié un de ses clichés : un portrait de Jon Voight et Ricky Schroeder, en 1978. Herb Ritts avait eu accès, de façon privilégiée, au plateau de tournage du film Le Champion de Franco Zeffirelli, dans lequel jouaient ces deux acteurs. Un peu plus tard, son ami Matt Collins, mannequin beau et célèbre, l’introduit auprès du cinéaste et photographe Bruce Weber qui, à son tour, le présente à Charles Hix, expert en mode masculine. Dans un livre sorti peu après, intitulé Dressing Right : a Guide for Man, 40 photos en noir et blanc sont signées Herb Ritts.

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Un photographe de mode reconnu

D’autres apparitions fulgurantes suivront. Par exemple en octobre 1978, Vogue publie un portrait de Richard Gere, encore jeune, que son ami Herb a capturé dans un garage lors d’un road trip à travers le désert de Californie. Ce portrait marquera un tournant dans la carrière de l’un et de l’autre, érigeant Herb en portraitiste reconnu. Très vite, il s’affirme comme photographe de mode, même s’il ne vit pas à New York, considérée comme étant la Mecque de la profession à cette époque. Ses clichés satureront les revues des années 1980 et il signera de nombreuses campagnes publicitaires avec des stars hollywoodiennes, naissantes ou confirmées, jusque dans les années 1990.
Cultivé et passionné d’art dans un milieu mondain où il fréquente les grands noms de la mode, du cinéma et du show-biz, Herb Ritts, également collectionneur, connaît bien l’histoire de la photographie. Ses images sensuelles sont souvent comparées à celles d’Edward Weston, un autre photographe américain qui usait du noir et blanc de manière similaire. Coquillages, dunes, soleil et corps : autant d’éléments qui reviennent comme un leitmotiv dans les séries que Herb Ritts réalise. Il s’intéressait notamment aux compositions classiques de la sculpture grecque, et inventait de nouvelles notions plastiques dans le dialogue entre le corps et l’air. Fasciné par la rigueur des photographes d’antan (Horst P. Horst, George Hoyningen-Huene, Herbert List, pour n’en citer que quelques-uns), il a toujours essayé de comprendre le jeu de la lumière et du volume pour célébrer la splendeur des corps, et ce jusqu’à sa mort en 2002, sous le soleil de Californie.

Herb Ritts, en pleine lumière