Quand Robert Doisneau photographiait le littoral français

Quand Robert Doisneau photographiait le littoral français

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Par Lisa Miquet

Publié le

Des photos inédites du photographe mythique.

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Les petites filles du bateau. Île de Ré, 1945. (© Atelier Robert Doisneau)

Robert Doisneau qualifiait le photographe de la manière suivante : “Petit bonhomme solitaire qui prend l’homme pressé par le bras et lui montre le spectacle gratuit et permanent de la vie quotidienne“. Cette jolie définition représente bien l’approche photographique de Doisneau, amoureux des petits riens plutôt que des grandes cérémonies.

Reconnu internationalement pour son œuvre sur Paris et sa banlieue, il est arrivé aussi que le photographe sorte du cadre urbain pour photographier le littoral français, principalement pour des travaux de commande. De Boulogne-sur-Mer à Menton, en passant par Le Havre, Deauville, Le Guilvinec, La Turballe, La Baule, Les Sables-d’Olonne, l’île de Ré, Saint-Jean-de-Luz, Marseille, Toulon ou Saint-Tropez, ces images moins connues de Doisneau montrent des marins, de pêcheurs, des baigneurs, mais aussi des plongeurs et scaphandriers.

Ces images ont refait surface grâce aux deux filles de l’artiste, Annette Doisneau et Francine Deroudille, qui assurent aujourd’hui la conversation et la représentation de son œuvre. À Montrouge, où vivait le photographe, ont été recensés plus de 450 000 négatifs réalisés en 50 ans de carrière. Pour gérer ce fonds monumental, ses héritières ont créé un atelier, elles expliquent :

“L’atelier Robert Doisneau sert à ouvrir la collection photographique au plus grand nombre. 
Nous continuons à travailler sur les archives pour remettre dans la lumière des photographies oubliées ou encore inconnues. […] Le danger pour une collection de photographies est qu’elle ne s’endorme quand le photographe n’est plus là pour mener ses projets.”

Dans cette dynamique, elles ont mis sur pied l’exposition “Allons voir la mer avec Doisneau” pour montrer au grand public 80 tirages réalisés entre 1930 et 1960, dont de nombreux inédits. Une jolie promenade iodée, certes loin du littoral, à découvrir sur les murs du couvent Sainte-Cécile de Grenoble jusqu’au 19 janvier 2019.

Pêche aux sardines, La Turballe, 1956. Des travailleurs de la mer, les marins pêcheurs sont certainement les plus photographiés. S’ils ont en commun la fraternité de la mer, ils forment une famille très hétérogène, présentant des singularités très fortes d’une région à l’autre. Ils appartiennent à un monde complexe formé de traditions, de pratiques et de techniques décrites par un vocabulaire spécialisé. Doisneau réalise le portait, en mer, des pêcheurs de sardines, emblématiques de La Turballe. Aliment de prestige au XIXe siècle, la sardine à l’huile est exportée en Angleterre, aux États-Unis et même en Inde. Le succès est tel que La Turballe compte sept conserveries entre 1850 et 1870. Les conserves de sardines conquièrent les tables étrangères huppées, avant de pénétrer, lentement mais durablement, le marché français. La mise en conserve est souvent effectuée par les femmes des marins. (© Atelier Robert Doisneau)

La Baule, août 1959. Loin des cités industrieuses, les plages sont un lieu de recréation, de plaisir et d’entretien du corps. C’est d’abord pour les bienfaits supposés de l’eau salée et pour l’activité physique associée à la pratique des bains de mer – “le bain de la lame” – que les curistes, sur recommandation des médecins hygiénistes, viennent en villégiature dans les villes balnéaires. À la fin des années 1950, les activités physiques, récréatives, pratiquées autant par les adultes que par les enfants (jeux de ballon, séances de gymnastique, frisbee…), ne ressemblent guère à celles des cures de thermalisme marin d’autrefois. L’aménagement des plages répond à cette évolution, avec la création d’espaces réservés pour les sports collectifs sur le sable, ou de parcours santé le long des promenades. (© Atelier Robert Doisneau)

Le ponton. Baie de Toulon, août 1949. (© Atelier Robert Doisneau)

“Allons voir la mer avec Doisneau”, du 17 octobre 2018 au 19 janvier 2019 au couvent Sainte-Cécile à Grenoble.