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Romy Schneider et Alain Delon, leur passion magnifique exposée à Paris

Romy Schneider et Alain Delon, leur passion magnifique exposée à Paris

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Par Violaine Schutz

Publié le

“Les Amants magnifiques”. Un titre bien choisi pour cette exposition photo dédiée à l’idylle entre deux monstres sacrés du cinéma crevant la pellicule : Romy Schneider et Alain Delon. 

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Le sous-titre aurait pu être “Les Amants terribles”. Car sous les images sublimes, une passion brûlante et orageuse les consumait. “Romy et Delon, comme ces noms claquent dans notre esprit et libèrent des images, des fantasmes ! Près de 50 ans plus tard, ils nous font toujours rêver. Cela fait longtemps que j’avais envie de rendre hommage à la beauté de ce couple, à leur intensité, à leur grâce… Romy et Delon n’ont toujours pas fini de nous inspirer et de nous émouvoir”, commente la directrice de la Galerie de l’Instant à Paris, Julia Gragnon.

Elle consacre une exposition au couple jusqu’au 7 juin 2017. On y trouve de saisissantes photos intimes de deux des plus beaux acteurs de tous les temps, signées Bert Stern, Gian Colombo, Philippe Le Tellier, Michel Brodsky et d’autres. De quoi se rejouer le film de leur histoire fusionnelle.

Flashback

Les deux jeunes apprenties stars se rencontrent en 1958 sur le tournage de Christine, un film franco-italien de Pierre Gaspard-Huit. Elle a 19 ans, lui 23. La jeune Allemande vient de percer grâce au succès de la saga Sissi, il n’est encore qu’un jeune premier.

Les producteurs du film arrangent un meeting avec la presse à l’aéroport d’Orly à Paris : les jeunes acteurs se voient pour la première fois au pied de l’Escalator. Delon, le bad boy, tient un bouquet de fleurs à la main, maladroitement, sur les conseils de la production. Romy, l’effarouchée, ne parle pas français et trouve Delon prétentieux et trop bien coiffé. Lui la juge sûre d’elle, ennuyeuse, capricieuse et poseuse. Mais pendant le tournage, ces deux caractères forts s’apprivoisent et finissent par tomber follement amoureux.

En 1959, ils se fiancent même en Suisse, au bord du lac de Lugano. Romy fuit sa mère actrice qui la couvait pour s’installer avec Delon à Paris et vivre intensément leur passion fougueuse. Au contact du jeune playboy, elle abandonne son éducation bourgeoise et germanique pour s’émanciper, profiter de la nuit parisienne et mener une vie de bohème. Delon rencontre la gloire avec Plein soleil ou encore Rocco et ses frères et tourne sans arrêt, tandis que Romy joue peu, mais essentiellement des rôles de jolie poupée.

Dans ses moments de solitude, elle se lie d’amitié avec Marlène Dietrich qui la console, ainsi qu’avec Jean-Louis Trintignant. Delon apprend l’italien à celle qu’il surnomme sa “puppelé” et lui présente le mythique Luchino Visconti qui leur concocte une pièce sur mesure : Dommage qu’elle soit une putain (1961). Le réalisateur italien, sous le charme de Romy, lui donne alors un rôle dans Boccace 70 (1962). Hollywood lui fait les yeux doux et Romy enchaîne les tournages. Fin 1962, elle est hospitalisée pour un burn out, Alain la soutient.

Les deux tempéraments, elle absolue et caractérielle, lui autoritaire et difficile, montent sans cesse dans les tours et se poussent dans leur retranchements. Sans compter les incartades de Delon qui aurait notamment fréquenté la chanteuse Nico. Leur couple, mis à rude épreuve par les voyages incessants et les tournages, bat de l’aile et Delon finit par quitter Romy après cinq ans d’amour pour Nathalie, la future mère de ses enfants. Néanmoins, l’acteur n’oublie pas Romy dont il a toujours admiré le talent.

En 1968, Alain demande à Romy, alors retirée en Allemagne et sous le choc de la mort de son père, de jouer avec lui dans le film sensuel de Jacques Deray, La Piscine. Dix ans après leur rencontre, les deux anciens amants laissent exploser leur passion ainsi que leur charisme animal à l’écran. Le film est depuis devenu culte, même si leur liaison n’est restée sur le tournage que fictionnelle.

La carrière de Romy, qui s’était quelque peu éteinte, reprend de plus belle. Elle explose chez Clautet Sautet dans Les Choses de la vie (1970), mais la femme fragile derrière l’actrice souffre. En juillet 1981, Delon accompagne Romy aux obsèques de son fils, David, mort dans un accident. En mai 1982, la Marilyn européenne est retrouvée morte chez elle, à 43 ans, des médicaments et de l’alcool à ses côtés. Delon n’assiste pas à la cérémonie d’adieu par crainte des photographes.

Mais il se rend à son domicile avant le départ du convoi et prend trois photos du corps de Romy, qu’il garde depuis toujours sur lui, dans le revers de sa veste. Récemment, le séducteur déclarait : Je regrette de ne pas avoir épousé Romy”. Ils sont aujourd’hui réunis sur papier glacé dans une exposition à admirer autant qu’à vivre.

Exposition “Les Amants magnifiques, Romy Schneider et Alain Delon” à la Galerie de L’Instant (Paris) jusqu’au 7 juin 2017.