Santu Mofokeng, le photographe qui documentait le quotidien des Noirs en Afrique du Sud

Santu Mofokeng, le photographe qui documentait le quotidien des Noirs en Afrique du Sud

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© Santu Mofokeng/Steidl

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Par Lise Lanot

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Après une longue carrière centrée autour de l'humain, le photographe s'est éteint le 26 janvier, à 64 ans. Retour sur ses images.

Le 26 janvier 2020, le photographe sud-africain Santu Mofokeng disparaissait, après une longue carrière passée à immortaliser le quotidien des personnes noires dans son pays. C’est à l’adolescence que l’homme se prend de passion pour la photographie. Au sortir de l’enfance, il exerce son œil en prenant des images dans les rues et, les années passant, son travail, qui se frotte aux conditions de vie terribles de celles et ceux qu’il immortalise, devient de plus en plus poignant et militant.

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Pendant l’apartheid, et malgré les restrictions de circulation appliquées aux Noir·e·s, le jeune homme “s’efforce de capter le quotidien [des personnes noires] sous le régime ségrégationniste”, écrit l’AFP. Une de ses séries les plus célèbres, Train Church, est d’ailleurs inspirée par ses trajets entourés de travailleur·se·s noir·e·s et de “l’extase religieuse” qui a lieu dans les transports en commun. Après 1994, année de l’abolition de l’apartheid, Santu Mofokeng continue d’illustrer “la lutte contre le régime raciste blanc […] et la vie quotidienne dans les townships, révélant la condition sociale de la majorité noire et sa résilience”.

© Santu Mofokeng/Steidl

Ce photographe visionnaire a passé une bonne partie de sa vie à documenter les quartiers pauvres de Johannesburg, notamment Soweto, celui qui l’a vu naître. Intéressé par l’humain, rares sont ses clichés qui ne présentent pas de modèles vivants. Sans toujours présenter frontalement un visage ou un regard, Mofokeng captait ombres et mouvements en noir et blanc, racontant des histoires de luttes, de difficultés et d’espoir.

Son travail artistique le mènera hors de son pays natal, notamment en Europe de l’Est, sur les traces des camps de concentration, et au Japon, “toujours en quête des lieux mémoriels et de leur survivance dans la société moderne”, ajoute l’AFP. Au fil de sa carrière, l’aura de Santu Mofokeng n’a cessé de croître à l’international. Après des expositions au Jeu de Paume parisien (en 2011) et à la Biennale de Venise (en 2013), la maison d’édition Steidl publiait en 2019 Stories : un coffret répertoriant une vingtaine de carnets d’images, un par série. Le photographe n’est désormais plus en mesure de raconter ses histoires mais ses images continueront, de façon pérenne, à parler pour lui.

© Santu Mofokeng/Steidl

“Stories” de Santu Mofokeng, publié aux éditions Steidl.

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Stories de Santu Mofokeng est disponible aux éditions Steidl.