Les “scènes” du photographe Alex Majoli interrogent la théâtralité de notre existence

Les “scènes” du photographe Alex Majoli interrogent la théâtralité de notre existence

Image :

2013, Congo.

photo de profil

Par Lise Lanot

Publié le

Le photographe, membre de Magnum, présente 8 ans d'images prises autour du monde.

<span class="s1">Des réfugiés et des migrants de Syrie, d’Afghanistan, du Pakistan, de Somalie débarquent à Lesbos, depuis les côtes turques, Grèce, 2015.</span> (© Alex Majoli/Magnum Photos)

À voir aussi sur Konbini

Depuis 2010, Alex Majoli parcourt le monde et immortalise les petites histoires de ceux qui vivent la grande histoire. Il a ainsi baladé son appareil aux quatre coins de la planète, en Europe, en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie. Le résultat de ces huit années est visible dans une exposition présentée au Bal parisien, “Scene”.

En pointant son objectif sur des modèles aléatoires, le photographe raconte l’histoire de notre monde, qu’il s’agisse de jeunes employées chinoises obligées de commencer leur journée par une réunion de motivation, de réfugié·e·s en quête de survie accostant sur des plages grecques, ou de Britanniques venant de vivre la décision de leur pays de sortir de l’Union européenne.

Traquer la théâtralité du monde pour révéler sa vérité

Le photographe italien, membre marquant de la prestigieuse coopérative photographique Magnum, traque la vérité de façon particulière, puisqu’il s’attache à retranscrire la théâtralité de notre monde, de nos mouvements et de nos relations, en images. Comme le précise un des commissaires de l’exposition, David Campany, les photos d’Alex Majoli sont “le résultat d’une action performée”, sorte de spectacle dans lequel le photographe et son assistant “s’invit[ent] dans une situation” :

Parfois, les sujets modifient leur comportement en anticipant l’image à venir et changent délibérément de posture. Il arrive souvent qu’ils soient trop occupés par l’intensité de ce qu’ils vivent pour y prêter attention. Dans les deux cas, la représentation du spectacle et le spectacle de la représentation finissent par ne faire qu’un.

Le photographe insiste sur le fait qu’il ne dirige pas les personnes qu’il photographie, arguant qu’il n’y a même parfois aucune communication : Mes images ne sont pas mises en scène. Je ne dirige pas mes sujets. Parfois, il n’y a même aucune communication entre nous”, expliquait-il au Monde.

Scene #1350. <span class="s1">Les employées d’un institut de beauté participent à une réunion de motivation avant de commencer leur travail à Shenzhen, dans la province de Guangdong, en Chine, 2017.</span> (© Alex Majoli/Magnum Photos)

Son intérêt pour la “théâtralité du quotidien” ne date pas d’hier. Dans les années 1970, il suit avec ferveur l’évolution des avant-gardes du théâtre italien. Cette inclination ne l’a pas quitté puisque le nom même de la série qu’il présente au Bal, “Scene”, est un clin d’œil direct au théâtre antique grec. Constamment sur le fil, le photographe s’intéresse à la théâtralité de notre présence au monde pour finalement exposer notre vérité.

Les monochromes exposés étonnent par leurs contrastes. La profondeur des teintes obscures et l’éclat des teintes blanches sont accentués par l’usage quasi-systématique du flash, alors même que les photos sont prises en pleine journée. Ces flashs agissent comme une métaphore de la volonté de l’artiste de faire tomber les masques de ceux qu’il photographie.

En parallèle de l’exposition qui ouvre cette nouvelle saison du Bal, le musée met en place un cycle de performances, “Voir et agir”, avec le concours de six artistes cosmopolites venus créer une œuvre inédite, et de maîtres de conférences. L’occasion de questionner les représentations humaines en théorie et en pratique.

Scene #0642. <span class="s1">Un membre du parti Aube dorée chante l’hymne national grec à Athènes, Grèce, 2016.</span> (© Alex Majoli/Magnum Photos)

Scene #2233. Village de Tulas, district de Sindhudurg, en Inde, 2015. (© Alex Majoli/Magnum Photos)

Scene #2953. <span class="s1">Quelques passagers parmi les 2,9 milliards rentrant chez eux en train pour fêter le Nouvel An chinois. Cette migration annuelle appelée Chunyun est l’une des plus importantes au monde. Guangzhou (Canton), Chine, 2016.</span> (© Alex Majoli/Magnum Photos)

Scene #5370. <span class="s1">Rassemblement des élus locaux à Pointe-Noire, en République démocratique du Congo, 2013.</span> (© Alex Majoli/Magnum Photos)

Scene #8667. <span class="s1">Premier jour du Brexit au pub Jamaica Wine House, situé au cœur de la City à Londres, en Angleterre, 2017.</span> (© Alex Majoli/Magnum Photos)

Scene #9546. <span class="s1">Squatters dans un immeuble abandonné à Pointe-Noire, en République démocratique du Congo, 2013.</span> (© Alex Majoli/Magnum Photos)

Scene #9928. <span class="s1">Supporters des Red Devils au stade de Brazzaville, en République démocratique du Congo, 2013.</span> (© Alex Majoli/Magnum Photos)

Scene # 4746. <span class="s1">Des manifestants place Tahrir écoutent le discours du président Hosni Moubarak, dans lequel il annonce qu’il ne renoncera pas au pouvoir. Égypte, Le Caire, 2011.</span> (© Alex Majoli/Magnum Photos)

“Scene” d’Alex Majoli est exposée à l’espace Le Bal à Paris jusqu’au 28 avril 2019.