Sebastião Salgado fait son entrée à l’Académie des beaux-arts

Sebastião Salgado fait son entrée à l’Académie des beaux-arts

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MOSCOW, RUSSIA – FEBRUARY 16: (EDITORS NOTE: Image has been converted to black and white.) Brazilian photographer and Sebastiao Salgado during an interview on February 16, 2016 in Moscow, Russia. (Photo by Alexander Miridonov/Kommersant Photo via Getty Images)

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Par Lisa Miquet

Publié le

Après avoir été nommé chevalier de la Légion d’honneur, Sebastião Salgado devient académicien des beaux-arts.

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À l’âge de 73 ans, Sebastião Salgado est bien loin de prendre sa retraite puisque son actualité est encore particulièrement chargée. Alors qu’il était invité d’honneur et exposé au Salon de la photo, et qu’il a récemment inauguré une exposition sur les “femmes du monde” à la galerie Polka, le photographe vient aussi de faire son entrée à l’Académie des beaux-arts, le 6 décembre dernier.

Célèbre principalement pour son travail sur l’exode et son engagement écologique, Sebastião Salgado est aussi renommé pour son extrême maîtrise du noir et blanc et ses livres photo comme La Main de l’homme (La Martinière, 1993), Exodes (Taschen, 2000), Africa (Taschen, 2007), Genesis (Taschen, 2013), ou encore Koweït, un désert en feu (Taschen, 2016). Des ouvrages d’anthologie qui ont marqué et influencé de nombreux photographes. Si l’artiste a pu collaborer avec plusieurs agences comme Sygma, Gamma puis Magnum, il a rapidement créé sa propre société de production, Amazonas, pilotée par son épouse, femme de l’ombre sans qui il n’aurait jamais eu le succès qu’il connaît aujourd’hui.

“La France est pour nous l’un des pays les plus ouverts au reste du monde”

Intégrer l’Académie des beaux-arts est non seulement une belle reconnaissance institutionnelle pour son œuvre photographique, mais aussi une marque d’appartenance au patrimoine culturel français ; un symbole fort, puisque la France a été une terre d’accueil pour le photographe brésilien. Après avoir fui la dictature brésilienne dans les années 1960, Sebastião Salgado s’est installé à Paris pour étudier l’économie avant de se consacrer à sa carrière de photographe. Il revient sur son rapport à la France dans une longue interview accordée à Télérama :

“J’y suis arrivé en 1969. J’avais 25 ans, et j’en ai aujourd’hui bientôt 73. C’est dans ce pays, où j’ai passé la majorité de mon temps, que je suis devenu photographe, que j’ai appris tout ce que je sais de la photographie ! Certains me décrivent encore, à tort, comme un photographe brésilien. J’ai obtenu la nationalité française en 1976, à une époque où j’ai aussi perdu mon passeport d’origine, car la dictature qui sévissait au Brésil était très virulente avec ceux qui s’y opposaient. Mon épouse et nos enfants sont français (le deuxième y est né). La France est pour nous l’un des pays les plus ouverts au reste du monde.”

Quatre photographes documentaires

S’il est déjà difficile d’entrer à l’Académie des beaux-arts, ça l’est d’autant plus en photographie, car seuls quatre sièges sont réservés à la discipline. Salgado rejoint donc ses confrères Yann Arthus-Bertrand, Bruno Barbey et Jean Gaumy. Il reprend le fauteuil de Lucien Clergue, l’un de ses amis, disparu en novembre 2014 :

“Lucien disait pour plaisanter, ‘Sébastião, c’est toi qui prendras ma place à l’Académie le jour de ma disparition’. Je répondais ‘d’accord’ et on rigolait. En 2014, il m’a écrit pour me dire qu’il était malade et qu’il tenait vraiment à ce que je prenne sa place. Alors, à sa disparition, je me suis présenté et suis entré à l’Académie. C’est très plaisant de se retrouver aux côtés de tous ces grands architectes, sculpteurs, peintres… Je crois, en outre, que cette Académie représente une énorme caisse de résonance politique.”

Une belle reprise de flambeau pour un photographe hyperactif, qui prévoit déjà un nouveau livre pour 2019.