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Une série photo dénonce les cliniques qui torturent les personnes LGBTQ+ “pour les guérir”

Une série photo dénonce les cliniques qui torturent les personnes LGBTQ+ “pour les guérir”

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© Paola Peredes

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Par Lise Lanot

Publié le

Paola Peredes met en scène les tortures subies par la communauté LGBTQ+ dans des cliniques équatoriennes.

En Équateur, la photographe Paola Peredes rapporte qu’il existe 200 établissements ayant pour but de “traiter” les personnes LGBTQ+. Ces centres existent depuis les années 1970 et, bien qu’en 2014, des pétitions aient mis en garde les citoyen·ne·s contre leur existence, ceux-ci sont toujours d’actualité. Afin de dénoncer les atrocités commises dans ces centres, Paola Peredes s’est mise en scène dans des images difficiles à regarder, tant les réalités qu’elles dévoilent sont douloureuses.

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Afin de mener à bien sa série Until You Change (“Jusqu’à ce que tu changes”), Paola Peredes s’est entretenue six mois durant avec une femme ayant été enfermée plusieurs mois dans l’une de ces cliniques. Elle a ensuite recueilli des témoignages d’autres victimes. Le fait que les appareils photo soient strictement interdits à l’intérieur du centre, et que la photographe, elle-même lesbienne, aurait pu être envoyée dans l’un d’eux, l’a convaincue de se mettre en scène pour illustrer les tortures subies par les “pensionnaires”. “Ces images mises en scènes nous permettent de voir ce qui avait pour vocation de ne jamais être vu”, écrit l’artiste sur son site.

Des images pour dénoncer, une campagne pour agir

Tortures physiques, enseignement biblique, médication forcée, obligation pour les femmes lesbiennes de “forcer leur féminité”, viols… La liste des souffrances est longue. Les personnes qui sont envoyées dans ces centres ont pour la plupart été dénoncées par leur famille, qui ont orchestré leur enlèvement de concert avec la direction du centre choisi.

Les familles payent en général entre 500 et 800 dollars par mois pour un patient·e (entre 445 et 715 euros). Ces gains financiers aident ces établissements à prospérer. Bien qu’illégales, les cliniques parviennent à rester ouvertes en se faisant passer pour des centres de réhabilitation pour alcooliques et drogué·e·s, grâce à la corruption du pays.

Comme le montre la vidéo (en fin d’article), la photographe s’est réellement mise dans la peau d’une des patientes, rôle qui aurait pu devenir réalité si sa famille n’avait pas aussi bien accepté son coming out, déplore-t-elle. Les photographies, autant que les coulisses de leur conception, sont très dures, illustrant l’horreur des pratiques qu’elles condamnent.

Afin que le projet ne soit pas vain, Paola Peredes s’est alliée à un groupe de militant·e·s LGBTQI+ en Équateur. Ensemble, ils ont établi une opération de financement participatif visant à “lancer une grande campagne éducative de prévention et d’éducation autour des droits LGBTQI+”. Le gouvernement équatorien ne semble pas prêter attention à ces violations fondamentales des droits humains, c’est pourquoi la photographe insiste sur la nécessité d’agir.

Vous pouvez retrouver le travail de Paola Peredes sur son site personnel.