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La culture musicale du sud des États-Unis dans l’objectif de Shane Lavalette

La culture musicale du sud des États-Unis dans l’objectif de Shane Lavalette

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Par Lise Lanot

Publié le

Des images qui rendent hommage à l’identité et aux sons des États du Sud.

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“One Sun, One Shadow”. (© Shane Lavalette)

Être originaire du nord-est des États-Unis n’a pas empêché Shane Lavalette de publier un livre dédié au sud du pays, livre dont le stock est quasiment épuisé. En 2012, le High Museum of Art d’Atlanta lui demande de participer à son exposition collective “Picturing the South” (“Représenter le Sud”, ndlr), rendant hommage à cette grande et riche région qui s’étend du Texas à la Virginie.

Après cette collaboration avec le musée, Shane Lavalette approfondit son travail de recherche jusqu’à concevoir One Sun, One Shadow, un ouvrage qui célèbre le Sud en se concentrant sur l’un de ses éléments caractéristiques, la musique. Les images sont accompagnées d’un texte, signé par le poète Tim Davis, qui célèbre autant le travail du photographe que le lyrisme de ce Sud, berceau d’une histoire riche, aussi douloureuse que flamboyante.

La musique comme réponse à un passé terrible

Si le Sud est parfois synonyme de certains genres musicaux, c’est dû à son histoire. À la fin du XVIIe siècle, les États confédérés englobent la majorité du sud des États-Unis. C’est après la guerre civile que sept États esclavagistes (la Caroline du Sud, le Mississippi, la Floride, l’Alabama, la Géorgie, la Louisiane et le Texas) décident de faire sécession du reste des États-Unis, alors appelé “Union”. Bien que réintégrés au pays depuis plus de 150 ans, ces États portent la marque de leur passé violent, marqué par l’esclavagisme, qui s’est ensuite prolongé dans la politique de ségrégation raciale. Une histoire complexe qui a évidemment des ramifications contemporaines.

Une des portes de sortie culturelle qu’une bonne partie de cette population du Sud a trouvée est celle de la musique. Les vagues d’immigration qu’a connues le pays, et notamment le Sud, ont permis à de nombreux styles musicaux d’évoluer, de se rencontrer, voire parfois d’être créés, jusqu’à faire partie intégrante de l’identité de ces États. La Louisiane, et notamment La Nouvelle-Orléans, représente la quintessence de cette culture, comme en témoigne Treme, une série où le jazz est presque un personnage principal. Cependant, le reste des États n’est pas en reste, la ville d’Atlanta est par exemple le berceau d’une scène rap en effervescence, et dans le Tennessee, Nashville est la patrie de la musique country tandis que Memphis la capitale du blues.

“One Sun, One Shadow”. (© Shane Lavalette)

En toute logique, Shana Lavalette a donc choisi comme point de départ de son projet les sons et la musique du Sud – le blues, le gospel, le jazz, entre autres. Cet axe a permis au photographe de questionner en images la “musicalité de la vie quotidienne” et la mythologie de ces lieux du Sud.

“[…] Un projet photo sur la musique semble aussi raisonnable que d’écrire un opéra sur Helen Keller [une militante américaine sourde et muette, ndlr]. L’appareil photo, outil indubitablement visuel, est un medium illogique pour traiter du thème de la musique.

Avec beaucoup de jugeote, Lavalette a décidé de ne pas se tourner vers la réalisation d’un projet sur des musiciens. Au lieu de ça, il a sondé le paysage à la recherche de l’émotion créée par la musique. En se départant des codes des ethnomusicologues et des photojournalistes, le jeune artiste du nord du pays évite de tomber dans l’écueil formulé, a priori, par Ma Rainey [chanteuse de blues américaine, surnommée la Mère du blues, ndlr] : ‘Les Blancs entendent le blues sortir, mais ils ne savent pas comment il est arrivé là’“, commente Tim Davis.

Les images de Shane Lavalette semblent en effet témoigner d’une quête à travers les paysages du Sud. Des décors urbains aux zones rurales, il ne s’embarrasse pas de formalités et braque simplement son appareil sur ce qui représente pour lui la quintessence de cette région. Si la musique semble parfois lointaine des images, elle est tout de même le fil rouge de cette série où les personnages sont souvent présentés comme perdus dans leurs pensées. Ils ne semblent ainsi jamais vraiment à notre portée, un peu comme cette culture si vaste qu’elle mériterait que mille ouvrages s’y consacrent.

“One Sun, One Shadow”. (© Shane Lavalette)

“One Sun, One Shadow”. (© Shane Lavalette)

“One Sun, One Shadow”. (© Shane Lavalette)

“One Sun, One Shadow”. (© Shane Lavalette)

“One Sun, One Shadow”. (© Shane Lavalette)

“One Sun, One Shadow”. (© Shane Lavalette)

“One Sun, One Shadow”. (© Shane Lavalette)

“One Sun, One Shadow”. (© Shane Lavalette)

“One Sun, One Shadow”. (© Shane Lavalette)

“One Sun, One Shadow”. (© Shane Lavalette)

Vous pouvez retrouver le travail de Shane Lavalette sur son site et sur son compte Instagram. One Sun, One Shadow est disponible ici.