#ShootForPeace, des cours de photographie pour éloigner les jeunes de la délinquance

#ShootForPeace, des cours de photographie pour éloigner les jeunes de la délinquance

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Tous les dimanches depuis un an, Yasin Osman, photographe et ancien éducateur pour enfants, emmène des jeunes Canadiens au Regent Park de Toronto pour leur apprendre la photographie.

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Eux qui n’auraient jamais eu les moyens de se payer des cours de photographie auraient très vite pu être aspirés par quelque gang du coin et tomber dans la délinquance. Les balades photographiques de Yasin Osman sont salvatrices pour ces jeunes des quartiers de Toronto, plus précisément ceux des cités de Regent Park. Photographe et ancien éducateur, Yasin a fait un pari altruiste avec le projet #ShootForPeace. The Creator Class a suivi cet homme et ses élèves un dimanche.

En novembre 2015, le jeune Yasin Osman a lancé son projet #ShootForPeace, dont le nom oppose le fait de “shooter” avec un appareil photo et celui de tirer avec une arme. Son but est d’amener un peu d’art dans la rue, auprès des jeunes qui pourraient s’ennuyer et tomber dans la criminalité. La plupart de ces jeunes ont entre 12 et 16 ans.

Une très belle initiative

Yasin leur enseigne les bases de la photo, comme le cadrage, la notion de la perspective, les différents termes techniques, mais il leur apprend aussi à éditer leurs photos à l’issue de leur balade, c’est-à-dire à les sélectionner et à les mettre en scène pour raconter une histoire. Il leur prête tout le matériel dont ils ont besoin et qu’ils ne pourraient pas acheter. Comme ces jeunes, il a été lui-même élevé dans un environnement où la délinquance était à chaque coin de rue. Dans la vidéo ci-dessus, il explique sa démarche : il veut se positionner en modèle pour tous ces jeunes qui manquent souvent de repères :

“Dans mon entourage, personne n’est mort d’un cancer. Tous ont été tués par des armes à feu. J’étais déterminé à rendre ludique ce cours de photographie, malgré le manque de matériel conséquent. Au début, j’ai eu peur que les jeunes se démotivent, mais à mesure que je leur apprenais des choses, ils revenaient avec une envie d’apprendre plus forte chaque semaine. C’est là que j’ai réalisé tout l’amour qu’ils portaient à cet art, peu importe qu’on ait l’équipement ou non.”

Un objectif

Au tout début de son projet, les enfants se divisaient en groupes de quatre ou cinq et prenaient des photos avec des appareils jetables ou simplement avec leur téléphone. Mais depuis trois semaines, ils ont chacun leur propre appareil photo numérique :

“Les premiers temps, je disais aux enfants : ‘On est tous là parce qu’on aime la photographie. Je n’ai pas suffisamment d’appareils photo pour chacun mais je vous promets qu’un jour, vous en aurez. Pour le moment, tout ce que je peux vous garantir, c’est que je vous aiderai à réaliser toutes les idées que vous avez en tête. Que ce soit avec mon propre appareil photo, votre téléphone ou votre iPod, on prendra des photos sans s’arrêter.’

Depuis, toute la dynamique du programme a changé. Au lieu d’attendre le rendez-vous du dimanche, les enfants peuvent prendre des photos tous les jours s’ils le souhaitent.”

Dans la vidéo, on peut voir la surprise des jeunes lorsqu’ils découvrent leurs appareils photo. “Vous êtes sûrs qu’on peut les garder ?”, questionne l’un d’entre eux. L’un des élèves est devenu le photographe officiel de son école et un autre prévoit de documenter son prochain voyage avec sa famille en Palestine. Il y a quelques mois, aucun d’entre eux n’aurait imaginé cela possible. Osman confie qu’il y a une leçon que ces jeunes ont retenue : “Si tu rêves de quelque chose et que tu y crois, tu réussiras.”