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Stephen Shames, le photographe d’une Amérique contrastée

Stephen Shames, le photographe d’une Amérique contrastée

Image :

circa 1987 – Bronx, New York, USA: Poncho and Tony cool off in water from the puimp (fire hydrant) on a hot summer night. (Stephen Shames/courtesy Stephen Kasher Gallery)

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Par Lisa Miquet

Publié le

La Maison de la photographie Robert Doisneau organise une rétrospective dédiée à Stephen Shames, le photographe qui a documenté les inégalités sociales de l’Amérique des années 1960. Des images fortes, qui font écho à de nombreuses problématiques contemporaines.

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Exposée pour la première fois à Paris, l’œuvre du photographe américain Stephen Shames met en lumière la société américaine des années 1960 et 1970. À une époque où le pays découvre le revers de la société de consommation et où les inégalités se creusent de plus en plus, Stephen Shames photographie de l’intérieur une Amérique contrastée.

Bien loin du “rêve américain” si souvent revendiqué par ses patriotes, le photographe nous montre une tout autre réalité du pays en retraçant celle des minorités et en documentant la résistance du peuple face à de nombreuses formes d’oppression. Pour cela, il se lance dans des travaux de longue haleine, au plus près de ses sujets. Durant sept années, il a immortalisé la naissance des Black Panthers, donc il a été un témoin privilégié du fait de son amitié avec Bobby Seale, fondateur du mouvement. Il côtoie donc des militants qui ont marqué l’histoire américaine comme Kathleen et Eldridge Cleaver ou encore June et David Hilliard. Non seulement cette proximité lui permet un libre accès à l’organisation, mais elle lui offre des clés de compréhension qui nourrissent ses clichés. Il met alors en images le combat des Afro-Américaines face au racisme ordinaire et à un système institutionnel discriminant.

Toujours intéressé par les personnes en marge de la société consumériste américaine, il a immortalisé pour sa série Bronx Boys le quotidien des gangs du Bronx. Il montre les trafics de drogue, les fusillades et combats violents, tout en retranscrivant la joie, la vie et la solidarité communautaire du quartier new-yorkais. Et c’est d’ailleurs là que réside toute la force de l’œuvre de Stephen Shames, capable de témoigner d’une réalité sombre sans jamais tomber dans le pathos ou le sensationnalisme. Ses images brutes et dynamiques rendent hommage à la dignité des communautés exclues d’un système souvent injuste.

Occupant les murs de la Maison Robert Doisneau, ses images hors du temps montrent des personnes engagées, militantes, en mouvement. Bien que les combats soient d’une autre époque, ils rentrent étrangement en résonance avec des problématiques sociétales actuelles. Des photos d’une cinquantaine d’années, qui n’ont jamais été aussi contemporaines.

Du 11 octobre au 14 janvier, à la Maison de la photographie Robert Doisneau.