“The Pink and Blue project” : immersion oppressante dans le marketing genré

“The Pink and Blue project” : immersion oppressante dans le marketing genré

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Par Constance Bloch

Publié le

J’ai eu l’idée des “Pink and Blue Projects” [les projets Rose et Bleu, ndlr] car à l’époque, en 2005, ma fille de 5 ans aimait tellement le rose qu’elle ne voulait porter que des vêtements de cette couleur. J’ai découvert que le cas de ma fille n’était pas isolé.
Aux États-Unis, en Corée du Sud et dans plein d’autres pays, la plupart des petites filles aiment les habits, les accessoires et les jouets roses. J’ai découvert que ce phénomène était très répandu chez les enfants de différents groupes ethniques, indépendamment de leurs origines culturelles. Les filles sont ainsi inconsciemment formées à porter – et aimer – le rose pour avoir l’air féminines.

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Des jouets qui divisent

Une image biaisée de ce que doivent être les “goûts féminins”, que le marketing genré inculque aux petites filles dès leur plus tendre enfance. Et ce n’est pas la couleur qui est le véritable problème de ce ciblage, mais plutôt les objets associés à ces couleurs :

À travers cette accumulation d’objets, j’ai découvert les différences entre ceux “pour filles” et ceux “pour garçons”, qui influencent et divisent leur façon de penser dès le plus jeune âge. La plupart des jouets et livres pour petites filles sont roses, violets ou rouges, et parlent de maquillage, de mode, et de cuisine.
Au contraire, la majorité de ceux pour petits garçons sont bleus et parlent de robots, de sciences, de dinosaures ou de super-héros.

L’enfant objet

Ce que l’on note dans les clichés de JeongMee Yoon, c’est que l’enfant qui trône au milieu des jouets est lui aussi mis au rang d’objet, adoptant tour à tour des expressions neutres ou caricaturées. Le but est qu’il soit “rangé” parmi eux, comme s’il était un produit comme un autre.
Pour le reste de la mise en scène, la photographe explique :

Quand je débute une session photo, je commence par organiser les plus gros objets, les couvertures, les habits et ensuite je dissémine les plus petits autour du lit, sur le sol. J’ai une méthode de “rangement” qui se rapproche de celle des musées lorsqu’ils font leurs inventaires ou exposent leurs collections.

J’ai deux grands enfants maintenant, mon fils a 20 ans et ma fille 14. Mon fils n’a pas vraiment eu d’obsession particulière avec le bleu, contrairement à ma fille qui refusait catégoriquement les couleurs “de garçon”. La plupart du temps, le choix pour les jeunes enfants est réduit à ces deux couleurs.
Aujourd’hui naturellement, leurs goûts se sont étendus. Je continue la deuxième partie de mon projet, “The Pink and Blue Project II”, en retournant voir des enfants que j’ai déjà photographiés. Il ont grandi, et leurs intérêts pour d’autres couleurs se sont développés.

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