Une artiste part à la rencontre de ses 626 amis Facebook pour les photographier

Une artiste part à la rencontre de ses 626 amis Facebook pour les photographier

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Par Justina Bakutyte

Publié le

Une série de portraits qui émane d’une vraie réflexion sur les amitiés virtuelles.

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À l’ère numérique, notre monde est plus connecté que jamais. Il suffit presque d’ouvrir un onglet sur son navigateur pour se faire de nouveaux contacts, et parler à quelqu’un à l’autre bout du monde. Chaque jour, nous suivons, likons et devenons amis avec quelqu’un en ligne. Notre cercle social s’étend à l’infini, et pourtant, nous nous sentons plus seuls que jamais.

De nombreuses études montrent que les réseaux sociaux ont un impact majeur sur notre santé mentale, notre confiance en soi et même la manière dont nous maintenons des amitiés. Si on peut ajouter de nouveaux amis en un simple clic, le lien qui se crée s’avère plus ténu, car il est basé sur des prérequis plus superficiels. Quand il n’y a pas de limite au nombre d’amis que l’on peut accumuler, le cercle se construit sur des connexions souvent dénuées de sens… Au point qu’on se réveille un jour en se rendant compte qu’on ne connaît pas 95 % de nos supposés “amis” sur Facebook.

Frappée par cette situation, la photographe américaine Tanja Hollander s’est embarquée dans une aventure colossale pour rencontrer et photographier tous ses amis Facebook, soit pas moins de 626 personnes.

La photographe admet qu’elle est fascinée par le pouvoir des réseaux sociaux et qu’elle les considère même comme un medium artistique, au même titre que la peinture, la photographie et le cinéma. Cependant, elle ne prétend pas ignorer les effets qu’ils ont sur les relations interpersonnelles et les communautés. Il y a sept ans, elle a eu un déclic :

“Le jour du nouvel an en 2010, je me suis retrouvée assise à la table de ma cuisine, en train d’écrire une lettre manuscrite à un ami déployé en Afghanistan, tout en écrivant sur Messenger à un ami travaillant sur un film à Jakarta.”

Inspirée par la dichotomie de ce moment et par son expérience, elle a donc décidé de s’intéresser au sujet pour répondre à une bonne question : qu’est-ce qu’un ami virtuel ? Elle raconte :

“J’ai commencé mes recherches sur Internet, puis je me suis intéressée à ma propre utilisation de Facebook et à tous les amis que j’avais accumulés.

J’y ai trouvé certaines personnes que je n’avais pas rencontrées dans la vraie vie, une poignée de gens à qui je ne parlais pas dans la vraie vie, des ex avec leurs nouvelles compagnes, des ex de mes amis, des marchands d’art, des conservateurs de musée et des copains du lycée que je n’avais pas vus depuis plus de 20 ans.

Et je me suis demandé : ‘Est-ce que je suis vraiment amie avec tous ces gens ?'”

Un an plus tard, Tanja Hollander était déterminée à faire en sorte que “ses amis ne soient plus virtuels”, et à vraiment faire connaissance avec toutes les personnes de sa liste d’amis Facebook en leur rendant visite chez eux et en les prenant en photo.

Une expérience humaine inattendue

Intimes, les portraits de Tanja Hollander ne se contentent pas de documenter son cercle social dans son intégralité, ils offrent aussi une perspective unique sur la culture contemporaine, le rôle des individus et des communautés, ainsi que le pouvoir du storytelling à l’ère moderne.

Détail drôle et inattendu, elle a découvert lors de cette expérience que de nouvelles relations peuvent être plus gratifiantes que d’anciennes amitiés : “J’ai eu des expériences incroyables avec des gens dont je n’étais pas proche, et des expériences pas top avec des gens dont je l’étais.”

La photographe est parvenue à financer la majorité de son projet grâce au crowdfunding. Elle a déjà tiré le portrait de 400 personnes et en a encore plus de 200 à prendre. En six ans, elle a voyagé dans 43 états américains, 5 pays et environ 150 villes et villages.

Ses photos ont été exposées dans des musées aux quatre coins du monde et si vous voulez connaître les derniers détails du projet, vous les trouverez sur le site du musée d’Art Contemporain du Massachusett.

Découvrez son travail sur son site pour en savoir plus.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet