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Reportage : une fois par an, la jeunesse birmane peut se lâcher lors d’une fête enfiévrée

Reportage : une fois par an, la jeunesse birmane peut se lâcher lors d’une fête enfiévrée

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Par Kimberly B. Johnson

Publié le

Un photographe britannique a capturé ce rare moment de liesse de la jeunesse birmane.

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Le Myanmar est un pays d’Asie du Sud-Est qui partage des frontières avec l’Inde, la Chine, le Laos et la Thaïlande. Avec presque 53 millions d’habitants et plus de 100 groupes ethniques différents sur son territoire, ce pays a une histoire très riche. Aujourd’hui, à la tête du pays, une junte militaire mène une politique répressive, notamment envers la minorité ethnique musulmane rohingya.

Avec une moyenne d’âge nationale de 27 ans (la moitié de sa population actuelle a moins de 30 ans), c’est donc une des nations les plus jeunes au monde. Pour garder cette jeunesse sous contrôle, la culture et les lois qui encadrent le pays sont très strictes. Il n’y a d’ailleurs aucune boîte de nuit en Birmanie, et les fêtes dans les lieux publics sont interdites. Ceux qui enfreignent la loi sont sévèrement punis pour avoir voulu lâcher prise et prendre du bon temps.

Cependant, une fois par an, les Birmans descendent dans les rues à l’occasion du festival de l’esprit de l’eau Thingyan : une célébration ancestrale qui rassemble des jeunes trempés qui dansent jusqu’à n’en plus pouvoir.

Cette tradition est un événement important de la culture bouddhiste depuis plusieurs siècles. Étant donné que 90 % de la population birmane est bouddhiste, la célébration de ce festival n’a cessé de gagner en importance.

Mais avec le temps et l’évolution de la culture nationale, le festival Thingyan a pris une autre forme, plus inclusive et laïque. Les gens se rassemblent aujourd’hui pour exprimer librement leur individualité. Un événement immanquable pour cette jeunesse privée d’exutoires nocturnes.

Un moment de liberté pour la jeunesse

Le photographe et documentariste anglais Christopher Michael Tew s’est rendu en Birmanie pour capturer la beauté qui émane de ce moment de culture et de liberté partagé. Baptisé Drenched, son projet est composé d’un film et d’une série de photos qui dévoilent les sous-cultures punk et heavy metal de la jeunesse birmane, nées de l’opposition à la rigidité du régime.

Interviewé par le site Huck, Christopher Tew raconte : “C’était attendrissant de les voir s’exprimer à travers du maquillage et des vêtements de l’ère punk et d’en être fiers.” Pour lui, le but de ce projet était de capturer ces petits moments où la jeunesse était libre et déjantée, ne serait-ce que le temps d’une soirée :

“En Occident, on peut quasiment sortir toutes les nuits et nous exprimer comme on l’entend. Ce que j’ai vu dans la jeunesse birmane était la libération de frustrations accumulées, c’était presque comme s’ils avaient économisé toute leur énergie pour ce jour de l’année.

Je pense que nous partageons tous cet aspect de la nature humaine qui nous donne envie de danser sans entrave, dans la joie, et de nous révéler dans l’extase.”

Christopher Tew a découvert le festival par hasard alors qu’il était envoyé en déplacement dans un autre pays. Il explique qu’il a été inspiré par la détermination de cette jeunesse à s’amuser malgré la répression du gouvernement, et par leur volonté de se battre contre les lois qui leur sont imposées pour régir leur comportement :

“Capturer la jeunesse dans ces images était incroyable visuellement, du point de vue d’un photographe. C’était une atmosphère de carnaval et ils se lâchaient complètement. Plus tard, quand j’ai découvert la répression qui pèse sur ce pays, j’ai compris pourquoi ils en profitaient autant.”

Drenched from castrotew on Vimeo.

Traduit de l’anglais par Sophie Janinet