Une photographe déconstruit le mythe lié au “bonheur maternel” dans une série poignante

Une photographe déconstruit le mythe lié au “bonheur maternel” dans une série poignante

Image :

© Karolina Ćwik

photo de profil

Par Pauline Allione

Publié le

Loin des idéaux sublimés, la photographe lève le voile sur les doutes et questionnements qui accompagnent le quotidien de mère.

Quelque part entre sa féminité et sa maternité, Karolina Ćwik tâtonne pour trouver sa place. Maman de deux petits garçons dont l’aîné est âgé de 5 ans, cette artiste polonaise a trouvé dans la photographie un exutoire poétique à ses interrogations identitaires, lui permettant de poser un regard distancié sur son quotidien et sa vie de famille.

À voir aussi sur Konbini

Son projet, intitulé Don’t Look at Me (“Ne me regarde pas”) est programmé dans le cadre de la onzième édition du festival Circulation(s), dédié aux photographes émergent·e·s européen·ne·s. Dans cette série de clichés doux et intimes, Karolina Ćwik met en lumière l’espace occupé par ses enfants dans sa vie et déconstruit dans le même temps le mythe d’une maternité qui ne serait que pur bonheur et accomplissement.

“Don’t Look at Me”, 2021. (© Karolina Ćwik)

Il y a les joies, mais aussi les crises de larmes, les couches sales qui traînent, la fatigue qui s’installe durablement et cette proximité physique quasi constante avec ses enfants. “Parfois, je suis certaine d’être accomplie, entière, et d’autres fois, je voudrais simplement être une femme à nouveau. Mon corps est fatigué, il est constamment touché, étreint par des petits bras et des mains délicates, pénétré et mis à l’épreuve”, raconte la photographe.

Démythifier la maternité

Quand ses enfants lui ont demandé s’ils pouvaient colorier ses tatouages, Karolina Ćwik a acquiescé. De cette session de coloriage est ressortie une image forte : couvert de dessins aux feutres, son corps illustre alors à merveille ce sentiment de dépossession qui s’empare de l’artiste par moments. “La proximité est aussi un emprisonnement. Mon corps est aussi le corps de mes enfants, c’est beau, mais également fatigant parfois”, confie-t-elle à Slate.

“Don’t Look at Me”, 2021. (© Karolina Ćwik)

Si elle a choisi d’intituler son projet Don’t Look at Me, c’est pour souligner ces instants compliqués de la maternité, au cours desquels elle rêve de retourner à sa simple identité “de femme”. Un instant immortalisé dans ce cliché où l’on peut voir l’artiste entourée de ses deux enfants et visiblement fatiguée, le regard tourné vers l’extérieur. “Ces moments font aussi partie de la maternité et j’aimerais que les gens le sachent”, confie Karolina Ćwik. Il arrive aussi que je passe de super moments avec mes enfants, mais que mes pensées soient ailleurs.”

Pour autant, la photographe ne relève pas uniquement les aspects difficiles du quotidien de mère, mais s’attache également à dépeindre un tableau honnête et tout en nuances. “La maternité, c’est aussi de grands moments d’amour débordant, de la tendresse et de l’attention mutuelle.” Une façon aussi de faire sauter les verrous autour de la maternité et de briser le sentiment de solitude d’autres femmes, traversées par ces mêmes questionnements intimes.

“Don’t Look at Me”, 2021. (© Karolina Ćwik)

“Don’t Look at Me”, 2021. (© Karolina Ćwik)

“Don’t Look at Me”, 2021. (© Karolina Ćwik)

“Don’t Look at Me”, 2021. (© Karolina Ćwik)

“Don’t Look at Me”, 2021. (© Karolina Ćwik)

“Don’t Look at Me”, 2021. (© Karolina Ćwik)

“Don’t Look at Me”, 2021. (© Karolina Ćwik)

“Don’t Look at Me”, 2021. (© Karolina Ćwik)

“Don’t Look at Me”, 2021. (© Karolina Ćwik)

“Don’t Look at Me”, 2021. (© Karolina Ćwik)

“Don’t Look at Me”, 2021. (© Karolina Ćwik)

Vous pouvez suivre Karolina Ćwik sur Instagram.