Une photographe documente sa grossesse et brise les tabous de la maternité

Une photographe documente sa grossesse et brise les tabous de la maternité

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© Andi Galdi Vinko

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Par Pauline Allione

Publié le

Un quotidien universel, mais qui n'est pourtant jamais montré dans sa réalité brute.

Les vergetures, les seins gorgés de lait, la perte d’intimité… À travers des images tendres de son quotidien pendant sa grossesse puis son post-partum, la photographe hongroise Andi Galdi Vinko raconte la maternité et ses nombreux bouleversements. Intitulé Sorry I gave birth I disappeared but now I’m back (“Désolée, j’ai donné naissance, j’ai disparu mais maintenant je suis de retour”), son projet, débuté lorsqu’elle est tombée enceinte de son premier enfant, se poursuit encore aujourd’hui.

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“Au fur et à mesure que ma grossesse avançait, j’avais plein de questions. J’essayais de trouver des réponses sur Google, mais j’y trouvais soit des images médicales que je n’avais vraiment pas envie de voir, soit des photos qui restaient dans ce mythe de la maternité sublimée, avec une maman belle et bronzée, qui porte des fringues super jolies… Alors que ce n’est pas vrai, parce qu’on a du lait qui coule de partout”, retrace Andi Galdi Vinko.

“Sorry I gave birth I disappeared but now I’m back”, 2016 – aujourd’hui. (© Andi Galdi Vinko)

Montrer un quotidien sans fard

Pour combler ce manque de représentation réaliste, la photographe décide de documenter sa propre expérience de la maternité, sans jamais l’embellir. “J’aurais pu faire des photos où tout est beau et lisse, mais la réalité ce n’est pas ça. C’est plein de moments de beauté, de rires et de gaieté, mais aussi des moments d’insécurité, de remise en question…”

L’artiste ne s’est d’ailleurs pas non plus retrouvée dans le mouvement body-positif, avec tous ces posts Instagram qui incitent à aimer son corps : “C’est facile de dire qu’il faut accepter ces changements et apprendre à les aimer. Moi, les deux petites vergetures qui me sont restées de la grossesse je ne les aime pas, je ne les trouve pas belles.”

“Sorry I gave birth I disappeared but now I’m back”, 2016 – aujourd’hui. (© Andi Galdi Vinko)

En brisant les tabous qui entourent toujours la grossesse comme les montées de lait inopinées, les cheveux qui tombent, l’allaitement en public, ses images se veulent un clin d’œil aux autres personnes qui donnent la vie, afin qu’elles se sentent moins seules dans cette aventure certes belle, mais aussi éprouvante.

Alors quand un journal hongrois publie ses photos, Andi Galdi Vinko reçoit une salve de messages, en particulier concernant un cliché sur lequel sa fille la suit jusqu’aux toilettes : “Beaucoup de mamans m’ont écrit : ‘Ce n’est pas la peine de le montrer, tout le monde sait que ça se passe comme ça’, mais encore plus de femmes m’ont dit s’être reconnues, et m’ont envoyé des photos d’elles aux toilettes avec leur enfant… Je dois en avoir une centaine dans mon téléphone”, se souvient-elle.

“Sorry I gave birth I disappeared but now I’m back”, 2016 – aujourd’hui. (© Andi Galdi Vinko)

Parler à tou·te·s

Pour que sa série touche un public large, et que tout le monde puisse s’identifier, Andi Galdi Vinko a commencé à élargir son projet en immortalisant des personnes de son entourage. Un moyen de réaliser des photos plus stylisées, mais aussi de capturer des instants qu’elle n’avait pas pu immortaliser lorsqu’elle les vivait elle-même.

Avec son projet, l’artiste met finalement en lumière la place de la maternité dans le quotidien, mais aussi désormais, de la parentalité. Quand elle a finalement repris le travail après avoir mis sa carrière sur pause et qu’elle a entrepris de répondre aux mails qui s’entassaient dans sa messagerie, elle commençait par écrire : “Sorry I gave birth, I disappeared but now I’m back…” Une phrase qu’elle a finalement reprise pour donner son titre à son projet. Mais quatre ans après la naissance de sa fille, la photographe nuance son propos : “Je réalise que je n’en suis toujours pas revenue.”

“Sorry I gave birth I disappeared but now I’m back”, 2016 – aujourd’hui. (© Andi Galdi Vinko)

“Sorry I gave birth I disappeared but now I’m back”, 2016 – aujourd’hui. (© Andi Galdi Vinko)

“Sorry I gave birth I disappeared but now I’m back”, 2016 – aujourd’hui. (© Andi Galdi Vinko)

“Sorry I gave birth I disappeared but now I’m back”, 2016 – aujourd’hui. (© Andi Galdi Vinko)

“Sorry I gave birth I disappeared but now I’m back”, 2016 – aujourd’hui. (© Andi Galdi Vinko)

“Sorry I gave birth I disappeared but now I’m back”, 2016 – aujourd’hui. (© Andi Galdi Vinko)

“Sorry I gave birth I disappeared but now I’m back”, 2016 – aujourd’hui. (© Andi Galdi Vinko)

“Sorry I gave birth I disappeared but now I’m back”, 2016 – aujourd’hui. (© Andi Galdi Vinko)

“Sorry I gave birth I disappeared but now I’m back”, 2016 – aujourd’hui. (© Andi Galdi Vinko)