Un vétéran soigne son syndrome post-traumatique grâce à la photographie

Un vétéran soigne son syndrome post-traumatique grâce à la photographie

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Par Lise Lanot

Publié le

Comme de nombreux autres vétérans, Michael McCoy est revenu de la guerre traumatisé. Afin de vivre avec son syndrome post-traumatique, il a décidé d’immortaliser le présent muni de son appareil photo.

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Lors de son service en Irak, l’ancien militaire Michael McCoy utilisait la photographie comme moyen d’évasion. Afin de garder le moral, il prenait de nombreuses photos à envoyer à ses amis et à sa famille, une façon de se rattacher à sa réalité américaine, de maintenir le lien, loin des horreurs de la guerre.

Malheureusement, le photographe alors amateur perd son disque dur : “Ça a été très difficile à vivre parce que j’avais des photos de membres de ma famille qui étaient depuis décédés.” C’est à ce moment-là que McCoy prend la décision de documenter le présent, afin de maîtriser son emprise sur celui-ci et sur ses souvenirs.

Le Time relate que perdre toutes ses images du passé l’a poussé à voir la vie autrement. Il a ainsi commencé à documenter les controverses sociétales de son époque, à l’exemple de sa série consacrée aux émeutes ayant suivi la mort de Freddie Gray (qui a succombé aux violences policières), dans sa ville natale, Baltimore. Véritable photojournaliste, Michael McCoy immortalise en noir et blanc autant les manifestations “Black Lives Matter” que celles en soutien à la présidence de Trump ou des rassemblements religieux.

Si cette documentation des débats de société profite au plus grand nombre, puisqu’elle permet de mettre en images ce qui secoue l’actualité, la pratique photographique s’est aussi révélée cathartique pour lui. En effet, depuis son retour d’Irak, McCoy souffre du syndrome post-traumatique militaire. En règle générale, ce trouble survient chez les personnes ayant vécu un événement particulièrement traumatisant et c’est donc sans surprise qu’il s’applique spécialement aux soldats ayant été témoins des combats de la guerre.

Un vétéran sur cinq souffre de PTSD aux États-Unis

Ce syndrome (connu sous le nom de PTSD, Post-Traumatic Stress Disorder) est très répandu aux États-Unis, notamment depuis la guerre du Vietnam. C’est d’ailleurs un véritable phénomène de société puisqu’un vétéran sur cinq serait rentré d’Irak et d’Afghanistan souffrant de ce trouble. Environ 20 % des soldats ayant été déployés ces six dernières années vivent avec ce mal : cela représente plus de 300 000 personnes, soit une partie non négligeable de la population américaine.

De nombreuses associations se battent pour ces vétérans (élevés au rang de légendes de l’autre côté de l’Atlantique), qui vivent bien souvent en marge de la société. Incapables de travailler, ils vivent parfois dans la pauvreté et se sentent incompris, honteux. L’histoire de Michael McCoy résonne donc de manière particulière aux États-Unis, puisqu’il est la preuve qu’une échappatoire est parfois possible, dans son cas, grâce à la photographie :

[La photographie] a été pour moi un exutoire me permettant de me dégager d’expériences passées, de traumatismes vécus en Irak et de facteurs de stress. Elle m’a permis de me créer mon petit monde à moi. Elle m’a donné une meilleure voix. Elle m’apprend à être plus prudent, à observer davantage. La seule chose à laquelle je pense quand j’ai mon appareil photo entre les mains, c’est d’échapper à mes souvenirs dans les zones de combat.”

Le photographe espère profiter de son art afin d’éduquer la société sur le syndrome post-traumatique “pour lui donner un visage”, précise-t-ilBien que très répandu, ce trouble, lorsque qu’il est spécifiquement lié à des traumatismes de guerre, reste assez méconnu du grand public.

Vous pouvez retrouver le travail de Michael McAcoy sur son site personnel et son compte Instagram.