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Visa pour l’image 2017 : la triste condition des veuves à travers le monde par Amy Toensing

Visa pour l’image 2017 : la triste condition des veuves à travers le monde par Amy Toensing

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À l’entrée de l’ashram pour veuves Meera Sehbhagini Mahila, géré par les autorités publiques avec le soutien de Sulabh International : Ranjana (à gauche) et Lalita (à droite), toutes deux veuves de différentes générations. Vrindavan, Uttar Pradesh, Inde, 2013.
© Amy Toensing / National Geographic Magazine / National Geographic Creative
At the entrance to Meera Sehbhagini Mahila Ashram, a government-run ashram for widows, supported by Sulabh International. Ranjana (left) and Lalita (right) exemplify the changing generations of widows in India. Vrindavan, Uttar Pradesh, India, 2013.
© Amy Toensing / National Geographic Magazine / National Geographic Creative
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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Elles sont répudiées, exclues de leur communauté, persécutées et dépossédées de leurs biens après la mort de leur mari. La photojournaliste Amy Toensing a réalisé un reportage dans les pays où devenir veuve est un enfer.

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Dans certains pays du monde, être veuve, c’est devenir un fardeau pour sa communauté, un être impur pour son village. En Inde, par exemple, on dit d’une femme veuve qu’elle porte malheur. En plus de la douleur du deuil, ces femmes doivent faire de leur quotidien un combat. Parfois, elles sont aidées par des associations, mais dans la plupart des cas, elles doivent vivre entre elles et se former un nouveau foyer.

À travers des portraits de femmes hindoues, ougandaises et bosniaques, très délicats et intimes, la photojournaliste Amy Toensing fait sortir ces femmes de l’ombre et les fait exister. Dans un panneau à l’entrée de l’exposition, la photographe explique :

“Dans de nombreuses régions du monde, une femme cesse d’exister socialement lorsqu’elle devient veuve et est rejetée, avec ses enfants, aux marges de la société. Dans ces cultures, la femme est souvent définie par ses liens avec les hommes : d’abord le père, puis le mari. À la mort de ce dernier, elle devient une paria.”

Ainsi, de nombreuses femmes se retrouvent livrées à elles-mêmes, sans éducation, après la perte de leur mari et doivent subvenir à leurs besoins. Vulnérables, elles vivent dans des conditions précaires et sont souvent victimes d’abus :Même si elle peut légitimement hériter de terres ou d’argent, elle ignore ses droits et se laisse chasser du domicile par la belle-famille. Parfois, elle fait même partie de ‘l’héritage’, donnée comme épouse à un frère du défunt.”

Trois exemples majeurs : l’Inde, l’Ouganda et la Bosnie

Amy Toensing s’est particulièrement penchée sur le sort des femmes de ces trois pays. Elle raconte que dans la religion hindoue, il y a une stigmatisation importante des femmes veuves : “Certains hindous croient que si une femme est pure et fidèle, elle saura protéger son époux de la mort, rendant la femme implicitement coupable du décès de son mari.”

Il existe même une tradition, que l’on appelle “sati” et selon laquelle la veuve doit se jeter sur le bûcher funéraire de son mari. Au début du XIXe siècle, cette tradition a été interdite, mais les communautés attendent toujours de leurs veuves qu’elles portent le deuil jusqu’à leur propre mort.

Ces femmes se retrouvent contraintes de s’installer dans “des villes saintes” comme Vrindavan et Varanasi : là-bas, elles doivent s’habiller de blanc, se raser la tête et ne jamais se remarier. La photojournaliste déclare toutefois que les choses commencent à changer : “Cependant, les jeunes générations rejettent ces attentes. Récemment dans un ashram [un lieu d’habitation isolé dans une de ces villes saintes, ndlr], des veuves ont célébré Holi, la fête des couleurs.”

Pour la Bosnie, la situation est différente. En 1995, le pays a connu le génocide de Srebrenica : en une semaine, les militaires serbes ont massacré plus de 7 000 hommes et garçons, laissant ainsi des milliers de veuves dans des villages détruits : “La structure familiale a été transformée. Les veuves sont alors devenues des cheffes de famille, et des responsables et militantes locales qui se battent pour les droits des victimes de ce génocide”, déclare la photographe.

L’exposition se termine sur la condition des veuves ougandaises : “La tradition veut que la femme n’ait aucun droit en matière d’héritage : lorsque son époux décède, la famille de ce dernier exige tous ses biens : terres, maison et parfois même enfants”, peut-on lire. Malgré les lois du pays qui sont censées protéger ces 60 % de veuves qui ont été dépossédées, la réalité est tout autre. Les associations, l’ONU et les ONG tentent de venir en aide à toutes ces femmes. Amy Toensing conclut que la situation s’améliore depuis 2011.

“Veuves” par Amy Toensing, exposition jusqu’au 17 septembre au Palais des Congrès dans le cadre de Visa pour l’image (Perpignan).