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À la découverte des photos douces et solaires de Pia Riverola

À la découverte des photos douces et solaires de Pia Riverola

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© Pia Riverola

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Par Valentine Cinier

Publié le

La photographe espagnole partage son temps entre Mexico et Los Angeles.

Il y a dans ses photos une douceur mélancolique teintée d’une oisiveté vagabonde. À seulement 29 ans, Pia Riverola semble avoir déjà vécu plusieurs vies en une. Originaire de Barcelone où elle est née et a grandi, la photographe espagnole partage désormais son temps entre Mexico et Los Angeles, sans oublier une bonne partie du globe qu’elle sillonne pour capturer les plus beaux instants qu’il lui offre.

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Spécialiste de l’argentique, elle retranscrit un monde de lumières et de vie : des paysages, des façades graphiques interminables, des ombres sensuelles ou encore des pistils et des pétales éclatants. Nous l’avons rencontrée à Echo Park, le quartier de Los Angeles dans lequel elle réside.

© Pia Riverola

Une technique argentique bien rodée

Si elle est aujourd’hui une photographe reconnue et très sollicitée, ce n’est sûrement pas le fruit du hasard. Depuis toute petite, Pia est attirée par l’image et l’art. À 12 ans, mon grand-père m’a donné un appareil photo argentique avec lequel je m’amusais à prendre mes amis en photo. Ensuite, je préparais scrupuleusement des albums photo que je rapportais en classe.”

Après une transition vers le numérique, elle renoue rapidement avec l’argentique, avec l’envie de vraiment comprendre son fonctionnement. À 18 ans, j’ai intégré une école de photographie à Barcelone avec une spécialité argentique où j’ai pu apprendre le développement en laboratoire et en chambre noire. Ça m’a rendue encore plus accro”, se souvient-elle.

Pia avait seulement 22 ans lorsqu’elle a quitté sa terre natale pour s’installer sur le continent américain, d’abord à New York où elle a étudié pendant un an avant de déménager à Mexico avec son amoureux. “Je suis tout de suite tombée sous le charme de la ville et du pays. Très peu de temps après, nous nous sommes séparés. Il a décidé de partir et moi, je suis restée. C’est la meilleure décision que j’ai prise.”

© Pia Riverola

Alors que sa carrière peinait à décoller jusque-là, tout s’accélère à Mexico.C’est une ville inspirante et bouillonnante où l’on te donne vraiment ta chance.” Elle vit alors en colocation avec une fleuriste qui lui fait découvrir les fleurs et les plantes : “Tous les jours, elle allait acheter des fleurs au marché pour faire ses bouquets. Parfois on les faisait ensemble en écoutant de la musique et en fumant des cigarettes.” Ces moments inspirent et influencent fortement son travail.

“Le voyage fait partie de ma vie, de ma personnalité et de mon identité”

Alors qu’elle publiait ses photos sur Tumblr, Instagram a fait son apparition. Elle joue le jeu et ça fonctionne immédiatement. Quand on lui demande si le pouvoir des réseaux sociaux a un impact sur la reconnaissance et le succès des artistes d’aujourd’hui, elle confirme sans aucune hésitation. Toutes ses sollicitations internationales sont venues d’Instagram. “Cet outil a permis au Wall Street Journal de me repérer et de me proposer une mission au Mexique, je n’en revenais pas.”

Mais selon elle, être artiste sur Instagram, c’est un cadeau empoisonné :

Je passe de l’amour à la haine avec Instagram. C’est beau car ça permet à n’importe qui d’exposer son talent et la communauté elle-même juge de la valeur de ton travail, et non plus le cercle étriqué des critiques d’art. Peu importe si tu viens d’un pays isolé, si tu as un vieil appareil photo ou juste un iPhone. Ce qui compte, c’est ce que tu vois et ce que tu essayes de transmettre aux autres à travers tes photos. Mais cela reste un système assez déroutant qui crée en nous un monstre d’ego, ça peut vraiment être toxique et envahissant.”

© Pia Riverola

Le succès de Pia Riverola explose sur Instagram où elle cumule désormais près de 100 000 abonnés. Elle est sollicitée pour shooter dans le monde entier. Voyager pour travailler, c’est vraiment ce dont j’ai toujours rêvé. Le voyage fait partie de ma vie, de ma personnalité et de mon identité.”

Puis en septembre 2017, elle décide de tenter sa chance à Los Angeles. “J’avais beaucoup de demandes pour shooter aux États-Unis et je travaillais déjà avec l’agence Assortment, basée à Los Angeles.” Puis il y a eu un terrible tremblement de terre à Mexico, l’immeuble voisin s’est effondré et nous avons eu ordre d’évacuer notre immeuble le temps des travaux, qui étaient évalués à six mois.”

Elle est donc partie vivre à Los Angeles tout en gardant son appartement à Mexico. “Je continue à être régulièrement sollicitée pour des projets au Mexique car je connais bien le pays, je parle espagnol et j’ai un appartement dans lequel je me sens bien. Je passe tellement de temps dans les hôtels, dans les avions, dans les aéroports que pour moi, c’est très important de me sentir à la maison quand je suis à Barcelone, à Los Angeles ou à Mexico.”

© Pia Riverola

“J’ai réussi à surmonter pas mal d’épreuves dans ma vie pour devenir une femme forte, indépendante et surtout heureuse”

Pia Riverola a un sens aigu des détails et des couleurs qu’elle utilise pour créer des images captivantes. Je peux très bien utiliser une composition très traditionnelle et symétrique à la Wes Anderson mais aussi opter pour des cadrages originaux.” Elle dompte les lignes droites et les ombres au rythme du mouvement oscillant du soleil.

“Je deviens complètement folle au moment du coucher de soleil, je déambule chez moi à la recherche d’une ombre parfaite. Particulièrement à Los Angeles où la lumière est très puissante et se projette merveilleusement sur les murs.” Pia est aussi amoureuse des couleurs avec une préférence pour le bleu, le turquoise, le rose et l’orange.

© Pia Riverola

L’artiste avoue devoir encore lutter contre sa timidité et son manque de confiance en elle. Après avoir eu une enfance difficile, et avoir grandi dans l’ombre de son frère aîné, le DJ John Talabot, elle se considère désormais au bon endroit, au bon moment. “Je sais que j’ai laissé beaucoup de choses derrière moi en partant mais c’était une fuite salvatrice. J’ai réussi à surmonter pas mal d’épreuves dans ma vie pour devenir une femme forte, indépendante et surtout heureuse.”

Depuis deux ans, Pia Riverola travaille sur l’autoédition de son premier livre. “Ce sera une lettre d’amour dédiée au Mexique mais aussi un cadeau que je me fais à moi-même.” Une fois qu’il sera publié, d’ici six mois environ, une exposition sera présentée à Mexico, à Los Angeles et à Barcelone pour accompagner la sortie du livre.

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