Les coulisses de 50 images emblématiques de l’histoire de la photo retracées dans un livre

Les coulisses de 50 images emblématiques de l’histoire de la photo retracées dans un livre

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© Alfred Eisenstaedt/Dorothea Lange

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Par Lise Lanot

Publié le

Deux siècles d'histoire artistique et sociétale racontés grâce à des images passées au microscope.

Presque deux siècles après l’invention de la photo par Nicéphore Niépce, en 1827, un beau livre d’art intitulé 50 photographies emblématiques et leur histoire – publié aux éditions Taschen – s’intéresse aux dessous d’une cinquantaine d’images emblématiques de l’histoire de la photographie.

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L’ouvrage se penche sur 200 ans d’images, des portraits de la grande comédienne française Sarah Bernhardt immortalisée par Nadar vers 1864, aux clichés sensuels de Bettina Rheims en 1992, en passant par Le Baiser de l’Hôtel de ville de Robert Doisneau (1950) et les expérimentations de Jacques Henri Lartigue au début du XXe siècle.

Sarah Bernhardt, vers 1864. (© Nadar)

Au fil des pages, les images sélectionnées par Hans-Michael Koetzle racontent moult histoires : celle des évolutions de l’art photographique, qu’il s’agisse de la technique ou des codes esthétiques, des mœurs mais aussi des sociétés. 

Quand la photo raconte la guerre du Vietnam…

En 1972, Nick Ut prend en photo sa dramatique Petite Fille au napalm, une image qui raconte les horreurs de la guerre du Vietnam. Le photographe n’est alors âgé que de 19 ans lorsque, le 8 juin, il prend la photographie qui va changer sa vie – d’une part parce qu’elle lui fait remporter de nombreux prix et le fait accéder à la postérité, d’autre part parce qu’il a pu sauver la petite fille présente sur la photo.

Ce jour-là, le jeune homme se trouve aux alentours de Trang Bang, un village à environ 40 kilomètres au nord de Saigon. Le village est assiégé par les Sud-Vietnamiens, et alors que la plupart des habitant·e·s ont déjà fui les lieux, l’armée bombarde les lieux avec du napalm.

Le photographe voit les villageois·es courir sur les routes, fuyant leur village. Une petite fille nue court en pleurant. Il met du temps à réaliser que si l’enfant est nue, c’est parce qu’elle a dû retirer ses habits enflammés. Son bras est couvert de napalm et Ut l’entend crier : “C’est trop chaud, je crois que je suis en train de mourir.”

Des années plus tard, le photojournaliste a raconté lui avoir donné de l’eau et être resté auprès d’elle afin de la calmer et de l’emmener à l’hôpital. C’est grâce à la carte de presse d’Ut que la petite a pu être admise aux urgences. Aujourd’hui, Kim Phuc, la petite fille de la photo, est adulte et vit au Canada.

… ou la pauvreté aux États-Unis dans les années 1930

Mère migrante, 1936. (© Dorothea Lange)

En 1936, la photographe américaine Dorothea Lange raconte quant à elle la misère causée par la Grande Dépression, qui touche avec force la population, souvent forcée à se délocaliser en quête d’une vie meilleure. La “mère migrante” qui apparaît sur la photo s’appelait Florence Owens Thompson.

Mère de cinq enfants et enceinte d’un sixième quand son mari meurt, elle se retrouve sur la route avec ses enfants et un nouveau compagnon. La famille de fermiers itinérants s’apprête à aller ramasser des laitues autour de la ville de San Joaquin quand elle rencontre Dorothea Lange.

Le compagnon de Florence était alors parti avec deux des enfants dans une ville voisine, afin d’aller y faire réparer une vieille radio, tandis que Florence attendait, assise sur le bord de la route avec ses autres enfants, près d’un camp de migrant·e·s (qui hébergeait environ 2 500 travailleur·se·s). La photographe tombe sur ce visage assez fermé et émacié en rentrant chez elle, après une journée passée à documenter le quotidien des travailleur·se·s autour de Los Angeles.

Dorothea arrive alors à convaincre Florence de poser pour cinq photos dont “Migrant Mother”, une image qui deviendra emblématique de cette période de restriction, tant elle illustre la souffrance et les difficultés de cette époque.

La puissance de la photo racontée dans un ouvrage

Leopoldville, 1960. (© Robert Lebeck)

Hans-Michael Koetzle propose ainsi pour la rentrée 2020 un livre d’art mais aussi un livre d’histoire et un livre de société. “Chaque image est passée au microscope” précise l’auteur, qui souhaite révéler l’histoire du médium photographique “et son influence sur la culture et la société”.

Si l’ouvrage rassemble une portion très importante de l’art photographique, notons qu’il ne rassemble que des œuvres d’artistes occidentaux·ales, offrant donc un angle particulier et tronqué de l’histoire.

Nu drapé, vers 1853. (© Eugène Durieu)

Couverture de “50 photographies emblématiques et leurs histoires” de Hans-Michael Koetzle, publié aux éditions Taschen.

50 photographies emblématiques et leurs histoires de Hans-Michael Koetzle sera disponibles aux éditions Taschen en janvier 2020.