Témoignage : ce que cela signifie d’être photographe durant la période de confinement

Témoignage : ce que cela signifie d’être photographe durant la période de confinement

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© Alex Wong/Unsplash

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Par Konbini arts

Publié le

Place à la tribune du photographe Neil Ta, qui raconte les difficultés engendrées par les effets collatéraux de l'épidémie.

Franchement, ça a été la merde.

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Je suis un photographe vivant à Toronto et mon travail est principalement basé sur des foules de personnes qui se trouvent au même endroit au même moment. Comme vous pouvez l’imaginer, [le début du confinement] a donc constitué pour moi une période particulièrement éprouvante. Rien que ces derniers jours, quatre séances photo en entreprise ont été annulées (dont une à l’étranger) et un atelier photo et un mariage ont été décalés. La plupart des shootings en entreprise ne vont pas être reprogrammés.

Je sais bien que tout le monde, dans toutes les industries, a encaissé de sacrés coups durs, mais de nombreuses petites structures (surtout les plus récentes) n’ont pas forcément les liquidités suffisantes pour se maintenir à flot pendant très longtemps. La semaine dernière, quand l’épidémie semblait n’être qu’un désagrément contrôlable, j’enseignais justement à mes étudiant·e·s l’importance de maintenir sa trésorerie. Quelques jours plus tard, je vivais littéralement cette leçon.

© Neil Ta

Étant donné qu’on ne connaît pas encore de date de fin précise à l’épidémie due au coronavirus, il est très probable que mon affaire subisse un ralentissement prolongé. J’ai parlé à d’autres photographes qui vivent la même chose, mais aussi à d’autres professionnel·le·s – des maquilleur·se·s, des planificateur·rice·s d’événements et des graphistes. Que faire pour s’assurer que sa société survive en cette période ?

  • Tout d’abord, je dois réduire mes dépenses le plus possible. Je n’ai pas d’employé·e·s, donc je dois simplement faire attention aux frais liés à mon entreprise. Peut-être que je peux retarder mes achats d’équipements neufs ou bien laisser tomber le petit bout de studio que j’ai commencé à louer le mois dernier ?
  • J’essaie de diversifier mes revenus. J’ai commencé à le faire l’année dernière, en donnant des cours à l’université et en menant des ateliers consacrés aux aspects commerciaux de la pratique. Je peux aussi étendre le champ de ce que je photographie – même si c’est déjà assez diversifié.

© Neil Ta

  • Je tente de me trouver un emploi à plein temps. C’est probablement ce qui me fait le plus peur, parce que ça fait maintenant dix ans que je travaille en tant qu’indépendant. Je me suis vraiment démené pour faire prospérer ma petite entreprise et, en quelque sorte, j’aurais l’impression de vivre un échec si je devais l’abandonner. Ce n’est vraiment pas l’option idéale pour moi.
  • Je pourrais vendre quelques-unes de mes possessions. Il y a une blague dans la communauté des photographes qui dit : “Quel est le moyen le plus rapide pour un photographe de se faire de l’argent ? Vendre son équipement.” C’est vrai que les photographes ont du matériel onéreux, qui peut être vendu pour un beau paquet d’argent et j’ai sûrement une belle liste de choses qui ne sont pas essentielles à mon travail.

© Neil Ta

De façon générale, l’épidémie m’a obligé à réfléchir à comment j’allais réussir à maintenir mes revenus durant les six à huit prochains mois. Je pense que les temps vont être très difficiles pour les petites sociétés et j’espère qu’on sera toujours debout quand le pire sera derrière nous.

Ce n’est pas le moment de paniquer ou de faire l’aumône, mais le temps est clairement venu de prendre des décisions entrepreneuriales raisonnées et intelligentes.

© Neil Ta

© Neil Ta

Ce texte a été initialement publié sur le blog de Neil Ta, traduit par nos soins et repéré sur PetaPixel.

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